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Le patron belge d’Uber : « Nous voulons travailler dans un cadre légal »

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Interviewé par Le Vif/ L’Express, Filip Nuytemans riposte face aux critiques du secteur des taxis :  » Nous allons renforcer le contrôle de nos chauffeurs.  » Il annonce l’arrivée prochaine du service à Anvers, Charleroi, Gand et Liège.

En mars 2014, Filip Nuytemans quitte New York où il s’était installé avec sa femme américaine pour vivre à Bruxelles et y créer, seul, le service Uber. Un peu plus d’un an plus tard, cet ingénieur en technologies cellulaires gère une équipe de sept personnes et emploie des centaines de chauffeurs. Il se bat, surtout, pour que ce service florissant survive, dans un contexte tendu. Interview.

Le Vif/L’Express: Uber, ça marche à Bruxelles, un an après son lancement ?

Filip Nuytemans : On parle de centaines de conducteurs et de 50 000 utilisateurs. Au début, nous avions un rapport de 80 % d’étrangers pour 20 % de Bruxelles ; aujourd’hui, c’est l’inverse.

Mais toujours dans l’illégalité la plus complète…

Il n’y a pas encore un cadre légal adapté pour les nouvelles technologies, c’est ça notre souci. Or, le secteur des transports de personnes est très strict, très réglementé. A Bruxelles, c’est le cas pour les taxis : le nombre de licences a été déterminé dans les années 1990 et les prix sont fixés par le gouvernement. Combien de secteurs sont encore dans ce cas ? Ce n’est pas efficace, ça empêche la compétition et donc l’innovation. Et ne garantit pas un bon service à coût réduit.

Des négociations sont en cours avec le gouvernement bruxellois pour l’instauration d’un cadre légal ?

Je n’appellerais pas ça des négociations, mais davantage un dialogue constructif. Nous avons pu présenter les avantages de notre plateforme technologique auprès de tous les acteurs politiques et pointer les problèmes liés à cette législation hyper-restrictive qui empêche toute compétition. En février de cette année, le gouvernement bruxellois a prévu dans son plan Taxis une section permettant de créer un cadre adapté à des plateformes comme la nôtre. J’espère que d’ici un an, ce sera concrétisé.

Ça veut dire qu’on va vous imposer des règles, non ?

Oui et nous sommes complètement d’accord. On nous présente souvent comme des cow-boys, mais ce n’est pas du tout la vérité : on veut bien travailler dans un cadre légal en termes de sécurité ou de fiscalité pour autant qu’il protège le consommateur, qu’il autorise la compétition et permette de créer de nouveaux emplois. En tant que plateforme, nous prenons déjà nos responsabilités pour nos 50 000 utilisateurs. Tout le monde ne peut pas devenir conducteur : nous vérifions le casier judiciaire, l’assurance et l’immatriculation du véhicule. Il y a un training spécifique de chacun d’entre eux. Les nouvelles technologies permettent en outre de les évaluer en permanence via les feedbacks de nos clients. On peut même désactiver quelqu’un. En termes de fiscalité, il n’y a pas de cash, tout se passe par carte de crédit ou par virement bancaire, c’est 100 % traçable. Nous avons toujours dit aux conducteurs qu’ils doivent être en ordre au niveau de leur statut d’indépendant ou d’indépendant complémentaire pour déclarer leurs revenus, payer leurs cotisations sociales et la TVA. Depuis quelques semaines, nous vérifions systématiquement, la plupart sont en ordre mais ceux qui ne le sont pas seront désactivés. Je veux arriver à un point où je peux garantir que tous ceux présents sur le réseau sont en règle. Nous sommes même prêts à travailler avec le gouvernement pour assurer une transparence total des revenus de chacun.

L’entretien dans Le Vif/L’Express de ce jeudi. Avec :

  • le contexte d’opposition violente des taxis
  • les impératifs de la proximité
  • le plan de développement en Belgique

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