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Le palmarès de vos députés et sénateurs

Soraya Ghali
Soraya Ghali Journaliste au Vif

Le Vif/L’Express passe au crible le travail des 233 élus francophones à la Chambre, au Sénat, aux parlements wallon, bruxellois et communautaire. Enseignement majeur de la première édition de ce classement annuel : ceux qui ne cumulent pas les mandats sont les plus actifs. Voici le bilan fédéral.

Ce classement, calculé à partir des comptes rendus et des données collectées sur les sites des différentes assemblées, demeure un bon baromètre. Il offre aux électeurs un indicateur assez précis de la participation des députés aux travaux législatifs. Pour autant, les chiffres ne sont pas toujours à prendre pour argent comptant : ces statistiques favorisent les députés qui ont une structure importante derrière eux et les sont généralistes. Par contre, les spécialistes sont souvent défavorisés : ils ne prennent la parole que sur leur sujet, où ils sont souvent incontournables. Les chiffres se focalisent aussi sur les individus, alors qu’il y a une dimension collective dans le travail parlementaire. Enfin, les chiffres ne montrent pas que ce sont souvent les assistants parlementaires qui écrivent les questions, qu’il est plus difficile pour un député n’appartenant à aucun groupe de prendre la parole en séance ou que les élus doivent aussi assurer leur travail dans leur localité…

Cela dit, « ce type d’exercice pointe les députés qui ne font rien », déclare Jean Faniel, politologue au CRISP, qui commente les résultats : les moins bien classés peuvent difficilement contester leur étiquette de cancre. Et notre classement laisse apparaître des parlements divisés en trois : ceux des bons élèves, des « peut mieux faire » et des médiocres. Les bons élèves ne sont pas les médiatiques. Ils appartiennent très souvent à l’opposition et bien souvent ne sont pas des « cumulards ». Les « peut mieux faire » se classent dans le milieu du classement, en ne brillant donc pas par leur activité sans pour autant démériter. Enfin, il y a les médiocres dissimulent leur inactivité derrière des textes co-signés ou des questions écrites. Ce sont souvent aussi des politiciens professionnels, qui occupent d’autres fonctions, qui les éloignent de l’hémicycle, qui clament que le cumul seul leur donne l’expérience de terrain et la proximité avec les électeurs.

L’activité est à observer avec le taux de présence. Il mérite toutefois des nuances : il suffit, en effet, de venir « pointer » aux votes, quitte à décamper illico, pour être comptabilisé, de faire simplement acte de présence en commission, et se consacrer en réalité à des tâches « privées » (ou qui relèvent de leurs mandats locaux)…
Pour chaque député, les critères suivants ont été comptabilisés depuis septembre 2012 jusqu’à juin 2013 : le nombre de propositions de loi, de résolution, de décret ou d’ordonnance, le nombre d’amendements, le nombre de questions écrites, orales, d’interpellations, le nombre de rapports écrits, les interventions dans les débats. Le classement est obtenu par l’addition des critères, et une moyenne permet de les comparer. Notre classement prend également en compte les présences aux séances plénières. Le classement général permet ainsi d’évaluer pour chaque élu l’investissement réel et l’assiduité.

A la Chambre

Ils sont 62 parlementaires francophones (26 PS, 15 MR, 9 CDH, 8 Ecolo et 3 FDF). La moyenne de la productivité parlementaire y atteint 47, 7.

En haut de notre tableau, on trouve aux cinq premières places, Georges Gilkinet (Ecolo), Zoé Genot (Ecolo), Catherine Fonck (CDH), Muriel Gerkens (Ecolo) et Valérie Warée-Caverenne (MR). En queue de peloton : Charles Michel (MR), Thierry Giet (PS), Luc Gustin (MR), Corinne De Permentier (MR), Philippe Collard (PS) et ex aequo Benoît Lutgen (CDH) et Bruno Van Grootenbrulle (PS).
D’emblée, certains chefs de groupe sont plus actifs que d’autres. Ainsi Muriel Gerkens, cheffe de groupe Ecolo, Catherine Fonck, cheffe de groupe CDH apparaissent comme les plus dynamique, suivies par Olivier Maingain, chef de groupe FDF. A la différence de Daniel Bacquelaine, chef de groupe MR, et Thierry Giet, chef de groupe PS.

Si l’on observe les chiffres par formation politique, les socialistes figurent dans le milieu du classement : sur 26 députés PS, 18 se classent sous la moyenne. Au sein du groupe PS, Franco Seminara, « single député », pointe en tête (en termes de questions écrites). Tandis que chez leurs collègues, sur 15 députés MR, 10 figurent sous la moyenne. Première parmi les libéraux : Valérie Warzée-Caverenne, également échevine. Quant aux parlementaires CDH, il semble, selon plusieurs députés interrogés par Le Vif/L’Express, qu’ils aient conservé « leur esprit critique » : 6 sur 9 sont au-dessus de la moyenne, exception faite de Benoît Lutgen, président du CDH, et de Jeanne Nyanga-Lumbala, dont l’activité parlementaire ne peut être évaluée, puisqu’elle vient de rejoindre les bancs du Parlement. Catherine Fonck, cheffe de groupe, recourt à l’interpellation, de même que son collègue Josy Arens.

En termes plus clairs, l’opposition se résume aux partis Ecolo et aux députés FDF (tous au-dessus de la moyenne, bien qu’usant, eux, peu de l’interpellation et de l’amendement).

Au Sénat

Ils 30 sénateurs francophones (12 PS, 8 MR, 4 CDH et 5 Ecolo). La moyenne de la productivité parlementaire y atteint 25, 8. Ce chiffre se révèle très honorable et le Sénat n’est pas l’assemblée la moins productive en termes statistiques.

En tête de notre classement, son top 5 est plus hétérogène : Cécile Thibaut (Ecolo), Richard Miller (MR), Marie Arena (PS), et ex aequo Hassan Bousetta (PS), Zakia Khattabi (Ecolo) et Fabienne Winckel (PS). A la traîne : Paul Magnette (PS), Philippe Moureaux (PS) et Caroline Désir (PS).

Par groupe politique, 5 PS sur 12 se classent au-dessus de la moyenne, 4 MR sur 8, 2 Ecolo sur 5 et 1 CDH sur 4. Au sein du PS, Marie Arena se distingue, tant en termes de propositions de loi, d’amendements que de rapports. Tout comme, dans une moindre mesure, ses collègues Fabienne Winckel et Hassan Bousetta, alors que Paul Magnette et Philippe Moureaux semblent jouer les figurants. Au CDH, André du Bus de Warnaffe tire son épingle du jeu. Ecolo place deux sénateurs dans le top 5. Les sénateurs de milieu de tableau, les cancres, cumulent souvent avec des mandats locaux : ils sont 11 sur 16. A l’image de Paul Magnette, sénateur-bourgmestre et président du PS. Son activité parlementaire est égale à zéro. Il y a aussi ceux qui sans forcément cumuler deux mandats n’en font pas lourd, à l’image de l’Ecolo Jacky Morael ou du PS Louis Siquet. Et puis, il y a les sages, les têtes pensantes : ils n’affichent pas une productivité extravagante mais ils sont quasi dans tous les projets et les propositions de loi ainsi que dans la préparation des amendements. Leur présence se révèle très précieuse pour leur formation politique. Parmi cette poignée de sénateurs influents : Francis Deléprée (CDH) et Marcel Cheron (Ecolo), spécialistes des questions institutionnelles, ou encore Philippe Mahoux (PS), dans le champ de la bioéthique.

Les tableaux et l’analyse de Jean Faniel, dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

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