© Greenpeace

Le nucléaire sans risque en Belgique ?

Pour Greenpeace, prolonger la durée de vie des centrales nucléaires belges équivaut à jouer à la roulette russe.

Des incidents nucléaires de petite et moyenne ampleur sont déplorés tous les jours dans le monde même si ces incidents ne s’accompagnent que rarement de libération de radioactivité. Un accident sérieux est à déplorer tous les dix ans environ, explique Eloi Glorieux, le spécialiste belge de Greenpeace en matière d’énergie nucléaire. « Il est dès lors impossible d’affirmer qu’une catastrophe de telle ampleur ne pourra pas se produire à Tihange (Huy) ou à Doel (Anvers) », soutient-il.

Les autorités japonaises ont décidé l’évacuation complète d’une zone de 40 kilomètres autour de la centrale. « En Belgique, le plan d’urgence nucléaire prévoit une évacuation de 10 kilomètres à peine, ce qui compte tenu de l’importante densité de la population autour des centrales de Tihange et de Doel est plus qu’insuffisant », déplore Greenpeace Belgique.

En 1991, une commission spéciale du Sénat avait conclu que le plan d’urgence nucléaire devait s’étendre sur une zone d’au moins 30 km, rappelle Eloi Glorieux. Sur le plan économique, une évacuation – même limitée à 5 km – se révélerait catastrophique pour la pétrochimie et les autres grandes industries présentes dans le port d’Anvers, relève Greenpeace. Cette semaine, l’Agence internationale de l’énergie a exhorté la Belgique à revoir sa sortie du nucléaire.

Une nouvelle campagne d’information

Par ailleurs, le centre de crise du Service public fédéral (SPF) Intérieur et l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) ont lancé lundi leur nouvelle campagne d’information sur les accidents nucléaires et sur les mesures à prendre en pareilles circonstances.

Tant la ministre de l’Intérieur, Annemie Turtelboom, que le directeur général du Centre de crise, Jaak Raes, ont tenu à préciser que le lancement de cette campagne avait été planifié bien avant les derniers événements survenus au Japon. « La situation belge n’est pas comparable à celle rencontrée au Japon. Nous sommes dans un contexte géographique totalement différent et il n’y a pas lieu de s’inquiéter inutilement », a d’emblée rassuré la ministre.

Pourtant le risque zéro d’accident nucléaire n’existe pas. Pour Mme Turtelboom, la sécurité est l’affaire de tous et le citoyen doit être préparé à l’éventualité d’un tel accident.

La campagne lancée lundi passera notamment par la diffusion d’un nouveau spot télévisé, l’inauguration d’un site internet sur les riques du nucléaire et la distribution de comprimés d’iode stable.

Au total, quatre millions de comprimés ont été répartis entre 1.241 pharmacies situées dans un rayon de 10 à 20 kilomètres des centrales. Plus de 2,4 millions de personnes vivent dans les 214 communes constituant ces zones de planification d’urgence nucléaire. Habitants et collectivités ont jusqu’au 16 avril pour aller chercher la quantité nécessaire de comprimés d’iode.

« De l’iode radioactif pouvant se dégager en cas d’accident, une prise d’iode naturel empêche la glande thyroïde d’accumuler l’iode radioactif, agissant de la sorte comme un bouclier », explique le centre de crise. Destinés à un usage préventif, les comprimés ne peuvent être utilisés que lorsque les autorités le recommandent expressément. Des brochures reprenant les gestes pratiques à poser en cas d’alerte seront également distribuées.

Quatre sites nucléaires importants sont recensés en Belgique: Doel, Tihange, Mol-Dessel et Fleurus. Il existe en outre, chez nos voisins, deux centrales nucléaires proches de la frontière: Chooz en France et Borssele aux Pays-Bas.

Mme Turtelboom a encore indiqué que les derniers événements au Japon allaient peser sur les débats concernant l’exploitation du nucléaire. « Des leçons devront être tirées sur cette forme d’énergie mais sur base d’éléments et d’informations concrets et non pas sur fond d’émotion », a-t-elle conclu.

Une réunion à l’échelle européenne est d’ailleurs prévue sur ce thème mardi en présence de différents experts.

Le MR demande une réunion sur la sécurité nucléaire


Daniel Bacquelaine, le chef de groupe du MR, a écrit au président de la Chambre André Flahaut pour lui demander de réunir d’urgence la sous-commission Sécurité nucléaire.

Daniel Bacquelaine souhaite qu’y soient notamment entendus les ministres de l’Intérieur, Annemie Turtelboom et l’Energie, Paul Magnette, ainsi que les responsables de l’agence fédérale de contrôle nucléaire, afin de faire le point sur les procédures en matière de sécurité nucléaire en Belgique.

Un échevin hutois invite la sous-commission de Sécurité nucléaire à visiter Tihange

Joseph George (cdH), premier échevin à Huy, invite la sous-commission en charge de la Sécurité nucléaire à visiter les installations de la centrale nucléaire de Tihange. « Je souhaiterais également que soit programmée à bref délai une réunion avec les responsables de l’agence fédérale de la sécurité nucléaire. Dois-je rappeler que sur le site de Tihange, les combustibles usés sont stockés depuis de nombreuses années », explique l’échevin hutois.

Le tremblement de terre qui a frappé le Japon a poussé l’échevin à s’adresser au président de la sous-commission de la sécurité nucléaire dans un courrier daté de ce lundi. « Les événements survenus au Japon doivent nous amener à prendre toutes les mesures voulues afin d’assurer au mieux la sécurité de nos concitoyens, tant sur le site qu’à proximité de celui-ci », y expose Joseph George.

 » La situation est suivie en Belgique »

Pour l’instant, il est peu probable que le réacteur japonais puisse causer des problèmes dans notre pays. « Quel pourrait être l’impact, c’est difficile à dire. Nous suivons la situation ici du mieux possible, y compris à travers les médias. Le Japon n’a pas déclenché d’alarme au niveau international », a déclaré Karina De Beule, porte-parole de l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN).

En cas de déclenchement de l’alarme au niveau international, l’émission de matières radioactives serait alors ensuite examinée, notamment sa composition, ou l’orientation du nuage radioactif.

L’AFCN travaille en collaboration avec le réseau Telerad, pour mesurer l’évolution de la radioactivité en Belgique. Il n’y a pas lieu de comparer la situation avec la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. « A Tchernobyl, il s’agissait d’un autre type de réacteur et qui a brûlé pendant plusieurs jours. Aujourd’hui, les systèmes de sécurité multiples ont joué leur rôle et de plus la cuve du réacteur n’est elle-même pas endommagée », a conclu Karina De Beule.

Le Vif.be, avec Belga

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