Rapport annuel du CSA (Conseil Superieur de l'Audiovisuel) © BELGA

Le nombre de plaintes au CSA a explosé en 2017

Le nombre de plaintes auprès du CSA a augmenté de près de 150% entre 2016 et 2017 avec 392 plaintes enregistrées l’année dernière, ressort-il du rapport annuel du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) présenté jeudi après-midi. Celles-ci ont abouti à l’ouverture de 28 instructions.

« Jamais le CSA n’aura été autant sollicité par le public depuis sa création en octobre 1997 », relève le régulateur de l’audiovisuel belge francophone, qui explique cette forte augmentation par « une prise de conscience de plus en plus marquée des publics par rapport aux droits dont ils disposent dans leur paysage audiovisuel. »

Le pourcentage de plaintes relatives aux questions liées au respect de la dignité humaine, ainsi qu’à l’interdiction de l’incitation à la haine, à la violence ou à la discrimination a atteint un record puisqu’il représente en 2017 36% de toutes les plaintes reçues. La question de l’égalité entre les femmes et les hommes représente 10% des plaintes.

Parmi ces plaintes, nombreuses sont celles qui visent les chaînes françaises. C’est d’ailleurs l’émission TV « Touche pas à mon poste », diffusée sur C8 et, en Belgique, sur Plug RTL qui a provoqué le plus de réactions. En radio, l’émission « C’est vous qui le dites » sur Vivacité a provoqué le plus grand nombre de réactions avec 16 plaintes visant 12 émissions différentes.

Par contre, 24% des plaintes ne relevaient pas des compétences du CSA. Elles concernent soit des services édités hors Fédération Wallonie-Bruxelles (comme l’émission « Touche pas à mon poste ») ou bien des services ne pouvant être qualifiés de services de médias audiovisuels au regard de leur contenu.

En outre, 8 rapports d’instruction ont été déposés devant le Collège d’autorisation et de contrôle (CAC), dont le dossier concernant la diffusion du programme pop-rock de Mint sur Must FM, Maximum FM et BXFM, celui concernant les propos tenus par l’animateur Alain Simons à l’égard des « gitans » sur Vivacité Charleroi ou encore celui relatif à l’égalité hommes-femmes dans une publicité pour les magasins Lidl.

L’année 2017 a aussi été marquée par deux événements clés pour le CSA: l’arrivée de TF1 sur le marché publicitaire belge francophone et la reprise en main des instructions contre RTL Belgium. « En 2017, les premières plaintes RTL ont été instruites. L’éditeur a été convoqué en mai 2018 par le CSA pour répondre à ces premières instructions et les décisions devraient être adoptées avant l’été. »

« Le CSA est à la croisée des chemins », constate l’institution qui voit un changement des comportements de consommation et de l’offre audiovisuelle depuis l’arrivée massive du numérique. « La régulation doit évoluer ou disparaitre », estime le Conseil. « Le maître mot: l’équilibre. Il est fondamental que tous les acteurs soient logés à la même enseigne, respectent les mêmes règles et que la législation européenne et locale s’adapte aux nouveaux acteurs, à l’évolution du paysage et aux nouvelles consommations », ajoute le CSA qui a travaillé avec ses homologues européens à l’adaptation de la directive européenne SMA (service des médias audiovisuels) sur la régulation audiovisuelle. Celle-ci a été approuvée mercredi par le trilogue européen (parlement, conseil, commission).

L’année 2018 s’annonce particulièrement chargée. « L’augmentation des plaintes se poursuit », relève le régulateur. La directive SMA, élargissant le champ d’application des régulateurs aux plateformes de partage de vidéos, aux réseaux sociaux et à la diffusion en direct (« livestreaming »), devrait entrer en application. Les premières décisions RTL Belgium du CSA devraient tomber. Le contrat de gestion RTBF doit être conclu et le futur plan de fréquences en FM et RNT (Radio Numérique Terrestre) doit être mis sur les rails.

A l’issue de la conférence de presse, le prix du Mémoire CSA a été remis à Mathilde Leflot, fraichement diplômée en journalisme à l’ULB, pour son mémoire « L’argentique à bout de souffle. Le numérique, la nouvelle vague ?  » Ce mémoire sur le cinéma numérique était couplé d’un documentaire filmé à l’iPhone 6.

Le régulateur a ensuite inauguré ses nouveaux locaux situés au 89 rue royale à Bruxelles en présence du ministre des Médias Jean-Claude Marcourt.

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