Hervé Jamar, ministre fédéral du Budget (MR). © BELGA

Hervé Jamar (MR) met le PS au défi, le cdH s’oppose

Le ministre fédéral du Budget Hervé Jamar (MR) a mis mardi le PS au défi d’instaurer en Wallonie un impôt sur les grandes fortunes, mais c’est le partenaire du premier parti du sud du pays, le cdH, qui a réagi avec le plus de virulence.

« Que le PS sorte du bois et fasse son impôt sur les grosses fortunes en Wallonie, là où il est au pouvoir », a lancé Hervé Jamar dans L’Echo, tout en prenant soin de préciser qu’il n’est pas favorable à ce type d’impôt.

La chose est légalement possible pour la Wallonie, selon le ministre fédéral, qui se fonde sur un avis technique de l’administration fédérale, pour qui la Wallonie peut lever l’impôt dès lors que l’État ne l’a pas encore fait.

Le PS ne dit pas non: Christophe Collignon, chef de groupe au parlement wallon, juge que s’il y a un blocage au fédéral et que l’on peut mettre en place cet impôt sur la fortune dans le sud du pays, « il faut le faire et le Parti socialiste le poussera ». A ses yeux, « il ne serait pas logique d’adopter une position au fédéral et d’en défendre une autre à la Région », dit-il dans L’Echo.

Le député émet cependant une réserve, préférant que cela se fasse de façon concertée avec les autres entités pour éviter la concurrence fiscale et pour une mise en place optimale. Mais le cdH, partenaire du PS au gouvernement wallon, a opposé une fin de non-recevoir par la voix de son chef de groupe au parlement wallon, Dimitri Fourny. « Un impôt sur la fortune, c’est non. C’est la vraie fausse bonne idée, notamment au regard de la taille de la Wallonie, mais aussi de l’exemple français, qui n’a prouvé ni son efficacité ni sa rentabilité », a commenté M. Fourny.

La compétence régionale elle-même pour un tel impôt est contestée par les centristes, une modification de la base imposable relevant selon eux du fédéral. Dimitri Fourny renvoie au glissement fiscal (« shift ») que le fédéral doit mettre en oeuvre pour soulager la fiscalité sur le travail, aux dépens d’une fiscalité renforcée sur la spéculation et d’efforts plus importants contre la fraude fiscale. « Nous sommes aussi favorables à plus d’équité dans le traitement fiscal pour l’ensemble des revenus, y compris ceux du patrimoine, mais pas exclusivement. L’impôt sur la fortune n’est pas la réponse adéquate », a ajouté M. Fourny.

Du côté d’Ecolo, on attend en revanche que la Wallonie prenne ses responsabilités pour imposer davantage le pour cent de la population qui gagne les plus hauts revenus. Depuis la 6e réforme de l’Etat, la Wallonie a la compétence pour faire varier l’imposition sur le revenu: elle peut agir sur les taux et sur les tranches, relève le député Stéphane Hazée (Ecolo). « Le PS et le cdH peuvent agir dès aujourd’hui, sans discussion juridique, et sans avoir besoin d’un cadastre (des fortunes) », relève-t-il.

Egalement sollicité par Belga, le gouvernement wallon ne s’était pas encore prononcé en milieu de journée. Lui qui fera bientôt face à un délicat ajustement budgétaire pourrait laisser ce débat au niveau des partis ou des groupes parlementaires.

Contenu partenaire