Guido Fonteyn

Le « modèle belge »

IL EST FRAPPANT QUE BART DE WEVER, JAN JAMBON, BEN WEYTS aiment tellement s’associer et rendre visite à des peuples opprimés comme les Ecossais, les Basques, etc.

Or le fait que les De Wever et consorts préfèrent y aller plutôt qu’à Londres, Berlin ou Paris est symptomatique du vieux complexe d’infériorité affectant encore tant de Flamands. La Flandre n’a plus aucun intérêt à se comporter encore comme une minorité. En outre, les succès du Mouvement flamand remportés dans une Belgique d’antan quasi francophone à 100 % peuvent servir d’exemple aux Basques, Catalans, Ecossais, Canadiens francophones, et sûrement quand d’autres formes de discrimination sont en jeu, fondées sur l’origine, la religion (Israël, Palestine)… En fait, notre réforme de l’Etat est une success story. Les missions de De Wever et consorts à l’étranger se justifieraient, si elles cessaient de rendre compte des discriminations subies par la Flandre en d’autres temps. Au contraire, elles devraient mettre en lumière toutes les solutions qui, hier et aujourd’hui, ont été trouvées. Car nous menons le débat sur la réforme de l’Etat depuis la fixation des frontières linguistiques, en 1962-1963. Les puristes remontent même à 1873, quand a été votée la toute première loi linguistique sur l’emploi des langues dans les tribunaux, ce qui a fait émerger aussitôt le problème des territoires dans lesquels ce droit serait d’application. Nous n’avons toujours pas fini d’en discuter.

Il existe comme un « modèle belge ». Il est curieux que même De Wever porte ce message lors de ses passages en Ecosse et au Pays basque, etc., où l’on est bien conscient des réussites des Flamands en Belgique. Ce « modèle belge » se caractérise d’abord par l’absence de violence dans les relations entre les groupes linguistiques dans un pays aussi compliqué que le nôtre : la comparaison avec le Pays basque et l’Irlande de l’IRA, ou Israël et la Palestine, est toute trouvée. Nous, tout comme les générations précédentes, avons trouvé des formules intéressantes, telles l’autonomie culturelle (une solution de remplacement à la création d’Etats autonomes) ou même les facilités, auxquelles toute l’Europe s’intéresse du fait de sa grande mixité linguistique.

Certes, la Belgique donne l’impression d’une discussion diplomatique permanente entre communautés linguistiques sur la structure de l’Etat. Cela n’a rien de scandaleux. Au contraire, ce « modèle belge » est de très loin à préférer à la violence. N’accordons pas à la N-VA le monopole de ce message. Notre système de réforme pacifique est notre meilleur produit d’exportation.

Guido Fonteyn – Journaliste indépendant et essayiste

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