Willy Borsus © BELGA

Budget: Le gouvernement wallon espère faire 100 millions d’euros de mieux que la trajectoire

Le gouvernement wallon a présenté dimanche un budget 2018 en déficit de 217 millions d’euros, soit 100 millions de mieux que le budget 2017 et que ce que prévoyait la trajectoire de retour à l’équilibre budgétaire. L’exercice prévoit aussi une réserve de 31 millions d’euros, dans l’attente des résultats de l’audit des finances régionales commandé à la Cour des comptes.

Pour financer la suppression annoncée de la redevance télévision dès 2018 (-100 millions d’euros de recettes) et l’ensemble de la réforme fiscale, la coalition MR-cdH n’a pas eu recours à des taxes nouvelles. Les recettes totales sont en hausse de 283,4 millions d’euros. Ces marges ont été en priorité affectées à la réforme fiscale et à la trajectoire budgétaire, a souligné le ministre du Budget Jean-Luc Crucke (MR). « Nous prenons le chemin de l’équilibre budgétaire à l’allure du marcheur », a commenté cet amateur de marche, qui se calque sur le rythme du Fédéral (« 2019 ou 2020 »).

Des mesures comme la réduction de 5% des frais de fonctionnement des organismes publics (UAP) et une réduction de 50 millions d’euros de dotations à ces UAP (Forem -20 millions, SOWAER -10 millions, etc) permettent de réduire les dépenses. Le gouvernement va aussi rechercher 5 millions d’euros dans une réduction du Fonds des provinces – une institution dont il compte transférer de nombreuses compétences à la Région et aux communes -, tandis que « l’augmentation promise du Fonds des communes est respectée » (+31 millions) selon M. Crucke.

Le gouvernement espère aussi récupérer 15 millions d’euros grâce aux réformes de la donation mobilière: en baissant les taux, il parie sur un recours accru à ce mécanisme et donc des recettes supplémentaires. Il a par ailleurs doublé (à 30 millions d’euros) le dividende qu’il va chercher dans les entreprises régionales (SRIW, FN). En ces temps d’intérêts négatifs sur les taux, l’exécutif envisage aussi de mobiliser la trésorerie excédentaire des UAP, en concertation avec ces dernières.

Quant à la dynamique du Plan Marshall, elle sera « respectée » selon le ministre de l’Économie Pierre-Yves Jeholet (MR), qui ajoute 17,7 millions d’euros à ce poste en 2018, tout en disant vouloir réorienter les attributions pour éviter le saupoudrage.

S’affirmant « prudent », le gouvernement a aussi prévu une réserve (« buffer ») de 31 millions d’euros, dans l’attente des résultats de l’audit des finances wallonnes commandé à la Cour des Comptes. « Nous n’avons pas voulu reprendre d’une main ce que l’on a accordé de l’autre. C’est un budget vérité mais aussi prudent, qui tend vers l’équilibre budgétaire », a commenté le ministre-président wallon Willy Borsus.

« Nous n’avons pas mis, comme certains disaient le craindre, la Fonction publique à feu et à sang, au contraire, nous faisons en sorte qu’elle soit mieux reconnue », a ajouté la vice-présidente cdH Alda Greoli. Elle insiste sur la mobilité des fonctionnaires qui sera promue entre la Région, les organismes d’intérêt public et les pouvoirs locaux. « Il n’y aura pas de pertes d’emploi », assure-t-elle. A titre d’exemple, les 80 agents qui s’occupent de la redevance télé bientôt supprimée seront formés pour rejoindre d’autres secteurs de l’administration, par exemple l’AVIQ (l’agence wallonne pour la famille, la santé et le handicap) qui est en manque d’agents. La gestion immobilière sera optimalisée, et les UAP pourront adhérer à un service intégré de ressources humaines.

L’accord de refinancement du non-marchand conclu par le précédent gouvernement sera respecté, a répété le gouvernement.

Le ministre de l’Économie Pierre-Yves Jeholet (MR) a rappelé de son côté la volonté du gouvernement d’avancer rapidement vers la rationalisation des outils financiers. Les TEC (transports en commun) seront fusionnés, de même que la SOGEPA (redéploiement d’entreprises) et la SPAQUE (réhabilitation de décharges et friches industrielles). Le ministre ne s’est pas avancé davantage sur le chapitre rationalisation des structures publiques, qui nécessite encore des concertations, mais il promet une note au gouvernement assez rapidement.

Le PS dénonce un exercice atone, flou et opaque

Cinquante jours après la formation de la nouvelle coalition MR-cdH au gouvernement wallon, c’est toujours le flou complet quant aux réformes annoncées et à leur financement, a affirmé dimanche le groupe PS au parlement wallon, à l’issue du conclave budgétaire de l’exécutif Borsus.

« La suppression de la redevance TV, le PS l’avait amenée sur la table du gouvernement et le cdH l’a rejetée, prétextant une absence de clarté dans le financement. Il l’approuve aujourd’hui dans un flou total. Sa confiance dans les recettes de la droite est aveugle », lance le chef de groupe PS au parlement wallon, Pierre-Yves Dermagne, dans un communiqué.

Les socialistes rappellent que la fixation définitive du facteur d’autonomie (l’une des clés de répartition entre le Fédéral et les Régions de certaines recettes sur l’impôt des personnes physiques, que le Fédéral doit récupérer, NDLR) engendre une perte de recettes récurrente d’une centaine de millions d’euros à partir de 2018.

« Malgré tout, le gouvernement annonce une augmentation spectaculaire dans les recettes et ressort la ficelle de la meilleure perception de l’impôt », relève le PS.

Le premier parti d’opposition dans l’assemblée régionale, qui avait lui-même mis en 2014 les organismes d’intérêt public et les administrations au régime pour réduire le déficit budgétaire, dénonce les efforts annoncés sur les services publics, notamment la suppression de la suspension du délai de réponse pendant les vacances – une mesure annoncée dimanche par la nouvelle coalition gouvernementale – et les économies dans la fonction publique.

« Aucune ambition, aucun souffle, toujours des formules incantatoires mais surtout aucune précision sur la nature des efforts qu’on nous annonce ‘considérables’. La cible, ce seront des économies sur le personnel et le fonctionnement de nos services publics. Et à travers eux les plus fragilisés de nos concitoyens », dénonce M. Dermagne.

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