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Le gouvernement congolais « choqué » par les propos d’Alexander De Croo

Le gouvernement congolais a très mal pris les propos du ministre belge de la Coopération au développement, Alexander De Croo, qui a critiqué vertement des mesures prises par le régime du président Jospeh Kabila à la suite de violences le mois dernier contre une révision de la loi électorale, rappelant que la République démocratique du Congo (RDC) était un Etat souverain.

« Nous sommes choqués. Parce que nous avions cru avoir tourné cette page avec l’inénarrable M. (Karel) De Gucht (un ancien ministre des Affaires étrangères, lui aussi libéral flamand, connu pour ses critiques à répétition des dirigeants congolais au point de provoquer une grave crise entre Kinshasa et Bruxelles, ndlr).

Et voilà un nouveau De Gucht qui se profile à l’horizon », a affirmé le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende Olamanga, à la RTBF. « Nous sommes un peu fatigués avec les donneurs de leçons, surtout lorsqu’ils viennent d’ailleurs », a ajouté M. Mende lors d’une interview accordée lundi à la chaîne publique à Kinshasa, en marge de la visite de M. De Croo et de son collègue des Affaires étrangères, Didier Reynders, en RDC.

« Nous avons l’impression d’être des personnes qui savent déjà courir et à qui un monsieur de passage essaie d’apprendre à marcher », a-t-il poursuivi. « C’est un peu de la malice que de profiter d’un voyage au Congo pour se valoriser auprès de je ne sais quel public en Belgique. Nous sommes fatigués de servir d’instrument de politique intérieure en Belgique », a encore dit M. Mende, qui est également ministre de l’Information et des Médias.

« Cela fait plus de cinquante ans que nous sommes devenus un Etat souverain à l’égard de la Belgique », l’ancienne puissance coloniale jusqu’en juin 1960. « M. De Croo n’a pas à venir ici comme un gouverneur général en inspection. C’est fini cette époque-là », a-t-il sèchement conclu. Selon M. Mende, ce que M. De Croo a affirmé est « totalement faux ».

Le ministre belge avait dénoncé samedi, quelques heures après son arrivée à Kinshasa, « la situation face à laquelle nous nous trouvons, avec son lot d’arrestations, de justice arbitraire et d’interruption de l’internet mobile et du trafic des SMS, l’instrumentalisation de la justice », qui n’est selon lui « pas tolérable ». « Nous ne pouvons pas accepter le statu quo », avait ajouté M. De Croo.

Il faisait allusion aux violentes manifestations, durement réprimées, qui ont eu lieu du 19 au 21 janvier contre une révision de la loi électorale qui aurait pu permettre au président Kabila de rester en fonction au-delà de la fin de son mandat en 2016, alors que la Constitution lui interdit de briguer un troisième quinquennat.

En trois jours, 27 personnes y ont perdu la vie – à Kinshasa et quatre à Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu (est), où MM. Reynders et De Croo doivent se rendre mardi -, selon un bilan officiel et plus de 40 selon l’opposition.

La disposition contestée a été abandonnée. Mais la nouvelle loi, adoptée le 25 janvier, lie cependant potentiellement la tenue des élections législatives – prévues le 27 novembre 2016, en même temps que la présidentielle -, aux résultats d’un recensement qui pourrait s’avérer très long.

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