Charles Michel © Belga

Le gouvernement belge reconnaît le génocide arménien

Le Premier ministre Charles Michel a reconnu jeudi, au nom de son gouvernement, le génocide arménien perpétré il y a un siècle par le gouvernement Jeune Turc, dernière autorité de l’Empire ottoman.

« Je considère que les événements tragiques de 1915-1917 perpétrés par le dernier gouvernement de l’Empire Ottoman doivent être qualifiés de génocide », a indiqué Charles Michel interrogé à la Chambre par deux élus de la majorité.

Le Premier ministre s’est également tourné vers l’avenir, soulignant l’importance du « dialogue » entre la Turquie et l’Arménie et observant à cet égard les expressions de « condoléances » de diverses autorités à l’occasion du centième anniversaire du génocide. Il a également évoqué les juridictions internationales dont le rôle est primordial pour qualifier ce type de massacres et a rappelé le vote, en Belgique, d’une résolution au Sénat en 1998.

Saluant cette intervention, le député Peter De Roover (N-VA) a annoncé le dépôt d’une résolution permettant d’aller de l’avant sur cette question. « Vous écrivez l’histoire », a constaté le chef de groupe Open Vld Patrick Dewael qui interrogeait également le Premier ministre. Il faut pouvoir bien nommer les choses et aller plus loin afin d’éviter qu’elles se répètent, a-t-il ajouté.

L’intervention du chef du gouvernement a été accueillie par une salve d’applaudissements par la quasi-totalité des députés.

L’opposition salue une déclaration « historique »

Sur les bancs de l’opposition, plusieurs élus ont salué une déclaration « historique ». Le président des FDF Olivier Maingain a notamment accueilli l’intervention du Premier ministre avec « satisfaction », un « signal très clair » à travers lequel majorité et opposition peuvent se retrouver dans un élan démocratique. Il s’agit aussi du « plus cinglant démenti à la faiblesse des déclarations de Didier Reynders sur le même sujet il y a quelques semaines », a-t-il relevé alors qu’interrogé par lui à la Chambre le ministre des Affaires étrangères n’avait pas franchi le pas de la reconnaissance.

Le député Georges Dallemagne (cdH), auteur d’une proposition de résolution sur la reconnaissance, s’est également réjoui « des propos clairs et historiques tenus en séance plénière de la Chambre ». M. Dallemagne a également salué une intervention « qui dénote radicalement avec les propos pour le moins ambigus et certainement calamiteux du ministre des Affaires étrangères ».

Georges Dallemagne a appelé la majorité à soutenir sa résolution à l’ordre du jour de la commission des affaires étrangères de la Chambre alors que le texte de la majorité n’est pas encore prêt. Il s’est réjoui de voir la majorité évoluer sur l’insistance du texte du cdH.

Charles Michel « a bien fait son travail »

Benoît Hellings (Ecolo) s’est également dit « très heureux » jeudi, estimant que le Premier ministre « a bien fait son travail » contrairement au ministre des Affaires étrangères il y a quelques semaines. Le député écologiste souhaite qu’une résolution appelant à la réconciliation des Turcs et des Arméniens puisse à présent être cosignée par l’ensemble des groupes parlementaires démocratiques.

Cosignataire avec l’ensemble de l’opposition de la résolution Dallemagne, Olivier Maingain a pour sa part invité la majorité gouvernementale à soutenir la proposition de loi des FDF visant à « réprimer le négationnisme » du génocide arménien ainsi que le génocide des Tutsi par le pouvoir Hutu au Rwanda.

Le Premier ministre Charles Michel avait déjà reconnu il y a quelques semaines, au nom de son gouvernement, que le massacre des Arméniens il y a un siècle constituait un génocide, lors d’une interview télévisée sur la RTBF.

Élus d’origine turque

Cette question de la reconnaissance a suscité des débats publics ces dernières semaines alors que des élus d’origine turque refusent de qualifier de génocide les massacres commis il y a cent ans malgré un consensus très affirmé parmi les historiens.

Un travail pédagogique a notamment été entrepris au parti socialiste alors qu’au cdH, la députée bruxelloise Mahinur Özdemir a été exclue pour avoir persisté dans son refus de reconnaissance.

La cheffe de groupe PS à la Chambre Laurette Onkelinx a pour sa part dit attendre jeudi le contenu de la résolution que prépare la majorité. Les socialistes avaient notamment souligné la difficulté pour un certain nombre d’élus d’origine turque de s’inscrire dans un processus de reconnaissance en l’absence de déclaration en ce sens du gouvernement belge.

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