© Belga

Le fondateur du groupe Diane : « j’ai l’impression d’avoir créé des assassins »

Muriel Lefevre

Arsène Pint, ancien colonel de la gendarmerie et fondateur de la cellule Diane a, dès la première tuerie, été pris par le doute. Les méthodes utilisées par les tueurs du Brabant lui rappelaient étrangement celles qu’il inculquait à son groupe d’élite. Aujourd’hui, les derniers rebondissements semblent lui donner raison.

« J’aurais aimé ne jamais avoir raison » dit Arsène Pint, 84 ans aujourd’hui, dans une longue interview dans les colonnes du Het Laatste Nieuws à lire ici.

Un sentiment de déjà-vu

Lorsqu’il se rend devant le Delhaize, en tant que commandant de région, en ce funeste samedi du 9 novembre1985, un affreux doute l’étreint. Un doute encore renforcé par ce que les témoins lui racontent de l’attaque.

Dix ans plus tôt, il avait été l’un des fondateurs de la cellule Diane. Une cellule qu’il avait quittée quelques années auparavant, mais il reconnaît d’emblée les techniques qu’il avait lui-même enseignés au début des années 1970. Il retrouve la façon de faire, la précision et les techniques de combat. Soit opérer en trois groupes : avec ceux qui « envahissent » l’endroit, puis les snipers et ensuite « ce que j’appelle les mammouths, ceux qui sont armés de Riot Gun et qui sèment la destruction pratiquement à bout portant ». Des culasses de balles et des traces de boots finissent par le convaincre: l’attaque du Delhaize est de type commando.

« Mes hommes étaient les mieux entraînés de tous. Mais aujourd’hui j’ai l’impression d’avoir créé des assassins. J’ai tout de suite prévenu mon patron, le lieutenant général Robert Bernaert (décédé depuis NDLR) qui m’a promis une enquête. Le lundi suivant, soit à peine 48 heures après les faits, il m’a dit que les résultats étaient négatifs. »

Les doutes persistent néanmoins, et il les répétera devant la commission parlementaire sur les tueries du Brabant de 1997. Il faudra encore attendre 20 ans de plus pour que son témoignage obtienne enfin l’écho qu’il mérite.

Un ex-membre raté

De son propre aveu, il ne connaît pas Christiaan B., le « géant »:  » il a dû rejoindre le groupe après mon départ. » Mais qu’un « type de ce genre » soit en contact avec Bouhouche et Beijer, le surprend tout de même. « Eux, c’était des meurtriers. Ils étaient extrêmement dangereux. Ils étaient responsables du meurtre d’un représentant commercial de la FN et c’était eux aussi qui étaient derrière le vol d’arme du groupe Diane. Alors que le « géant » n’était qu’un ex-membre raté du groupe Diane. Il a été exclu du groupe au début des années 80, car il avait fait feu par accident ».

Selon la famille, ce ne serait qu’un coup monté. Il n’aurait été éjecté de l’équipe d’élite uniquement pour que la bande des tueurs du Brabant puisse recruter plus facilement cet homme forcément très frustré.

Cela aussi n’est que des balivernes pour Pint: « Au Groupe Diane, il n’y avait qu’une seule règle: les armes sont toujours chargées. Toujours. Un officier qui dit qu’il ne savait pas que son arme était chargée, ment. Et si vous commettiez une telle bavure, comme tirer « par accident », c’était la porte. Point. Il a peut-être ensuite été recruté par le gang, mais ce n’est certainement pas à ces fins qu’il a été renvoyé. »

Malgré tout Pint reste fière de son équipe d’élite. « J’ai créé ce groupe à la demande des autorités parce que le pays en avait besoin. Il avait besoin d’un groupe que l’on pouvait envoyer partout. Combien de fois ces hommes n’ont-ils pas sauvé des vies ? »

Il est néanmoins possible que d’autres membres des tueurs du Brabant soient également des gendarmes précise Het Laatste Nieuws . « Je trouverais ça terrible de reconnaître une personne que j’ai connue, mais il est temps qu’ils soient démasqués. Peu importe qui ils sont. »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire