Elodie Antoine © DR

Le fil pour le dire

Guy Gilsoul Journaliste

En attendant son chevalier parti pour les croisades, l’épouse, devant l’âtre, file la laine. Dans son palais d’Ithaque, Pénélope, de même, tisse la durée en l’attente du retour de son Ulysse parti en mer courir les aventures…. Et combien de brodeuses, et combien de mètres de fils guidés par l’aiguille sur la robe de mariée ou celle du deuil aux quatre coins de la planète.

Elodie Antoine inscrit son travail dans cette patience associée de par les mythes et les traditions à une féminité tout à la fois sensible et soumise. Mais ici, avec des fils noirs, elle propose d’opposer à la présence désordonnée d’une chevelure de femme suspendue, ici la mer, au principe masculin de la conquête, les plates formes pétrolières, inscrite avec la clarté rectiligne d’un dessin évoquant une horlogerie que rien ne pourrait combattre. Dans d’autres oeuvres, ce sont des centrales nucléaires qui sont ainsi mises en scène ou alors des fils barbelés ou encore des chevelures épaisses et noueuses au sommet desquelles elle pose un diadème de conte de fée. L’artiste bruxelloise s’attaque aussi, avec une identique douceur assassine, au mobilier du confort bourgeois, modifiant chaises, fauteuils et canapés rembourrés en organismes inquiétants bavant sut le sol. Parmi les oeuvres récentes exposées, on retiendra aussi cette bague hors échelle dont la pierre rouge a été remplacée par un coussin aux allures de cerveau piqueté par une multitude d’aiguilles… de couturière.

Bruxelles, Galerie Aéroplastics. 32, rue Blanche. Jusqu’au 7 mars. Du Ma au Ve de 11 à 18h, Sa de 14 à 18h. www.aeroplastics.net

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire