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Le discours du roi est bien le sien

21-Juillet = discours du roi. Celui d’Albert II, cette année, aura reçu l’aval du gouvernement. Comme toujours. Mais il aura été rédigé au Palais. Comme toujours aussi : en Belgique, c’est le roi qui choisit le thème de ses interventions. Et personne d’autre.

La Brabançonne retentit et Albert II débarque dans votre salon. Il entre dans votre intimité et vous parle de la coopération au développement, des progrès de la science, de la construction européenne… Dès le lendemain, ses propos seront largement analysés dans la presse. Le discours du 21-Juillet est devenu un incontournable.

Et pourtant, la tradition n’est pas si ancienne. Si le roi s’exprime à Noël depuis 1961, ce n’est que depuis 1983 qu’il prend la parole à l’occasion de la fête nationale. L’idée vient du Palais. A l’époque, les querelles linguistiques vont croissantes. Baudouin en souffre et veut agir. Par ses interventions, il espère resserrer les liens entre les Belges. La nécessaire entente entre les Communautés nationales s’impose d’ailleurs comme un des thèmes fétiches des discours royaux.

Ces interventions télédiffusées apparaissent comme des moments privilégiés durant lesquels le monarque s’adresse à ses sujets. L’exercice est difficile, pas nécessairement agréable. Il nous revient que le souverain s’y prépare avec beaucoup d’application. Il connaît l’importance de ces discours. Ceux-ci lui permettent de partager quelques idées personnelles.

Personnelles ? La question mérite d’être posée. Et au fait, qui rédige les discours du roi ? A Laeken, on est formel sur ce point : « Les discours prononcés par le roi sont toujours écrits au Palais », affirme Pierre-Emmanuel De Pauw, le porte-parole. Oui mais par qui ? « Dans la rédaction, le roi est assisté de son chef de cabinet. Pour les discours à caractère international, le conseiller diplomatique du Palais peut aussi intervenir. »

Les témoins sont unanimes : dans ses discours, le roi développe des idées personnelles. Une différence très nette avec ce qui s’observe dans certains pays étrangers. Ainsi, en Angleterre et aux Pays-Bas, le traditionnel discours du trône est écrit par le gouvernement. La reine n’est en fait que la porte-parole de ses ministres. Tout comme Baudouin, Albert II tient à définir lui-même les thèmes qui seront traités. Le roi aime aborder des grands sujets économiques et sociaux, l’importance de la formation, l’apprentissage des langues, les valeurs familiales. Il tient aussi à être ancré dans l’actu, quitte à apporter au texte quelques ajustements de dernière minute. Ces dernières années, Albert II a mentionné la catastrophe de Ghislenghien, les attentats terroristes de Londres ou encore la tuerie de Liège.

Reste une étape : l’aval du Premier ministre. Si le roi exprime des idées propres, il ne peut le faire qu’avec l’accord du gouvernement. Même si elle est marquée du sceau de la confidentialité, il semblerait que cette étape soit rarement source de tensions. Le roi sait mieux que personne ce qu’il peut se permettre et ce qui sera refusé. « Il m’arrivait de suggérer des changements, surtout parce que certaines formulations auraient pu conduire à des discussions ou à des controverses politiques, raconte Jean-Luc Dehaene dans ses Mémoires. Mais durant mes sept années comme Premier ministre, les discours royaux n’ont jamais donné lieu à de grandes discussions. »

Vincent Delcorps

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