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Le décret sur les maisons-pirates risque d’exclure des résidents et de réduire leurs moyens

Le tout récent décret wallon encadrant les structures d’hébergement non agréées (SHNA) pour personnes en difficultés prolongées – parfois appelées les « maisons-pirates » – risque de mener à des exclusions de résidents et à des difficultés financières, a averti mercredi le directeur d’une de ces structures, lors d’une conférence de presse à Liège.

Les SHNA accueillent des personnes majeures présentant souvent des difficultés physiques, psychiques – comme une dépendance à l’alcool -, sociales ou une déficience intellectuelle, des profils qui ne répondent pas aux critères d’accueil dans d’autres établissements comme des centres pour personnes handicapées ou des maisons de repos.

Depuis plus de 30 ans, « La Villa Blanche » à Liège accueille ce type de personnes « exclues », leur assurant un hébergement ainsi qu’un accompagnement dans l’espoir d’une stabilisation ou d’une réinsertion.

Le décret vise à conférer une reconnaissance officielle à ces structures, qui sont une cinquantaine en Wallonie et accueillent quelque 3.000 personnes. Ces maisons seront ainsi tenues de répondre à un cadre légal, notamment en matière de qualité d’accueil, avec sanctions en cas de non-respect.

Si ce décret était souhaité, il inquiète cependant en raison de certaines dispositions jugées trop strictes. « Les chambres à trois lits doivent disparaître (alors que bon nombre de bénéficiaires souhaitent ce format pour l’esprit de camaraderie). Il y a donc environ 20 résidents, sur les 75 que nous accueillons, dont il faudrait se séparer », s’inquiète Jean-François Blanche, directeur de La Villa Blanche. En outre, une diminution du nombre de résidents impliquera une perte financière, « alors que nous avons du personnel à payer », ajoute le directeur.

Au parlement wallon, la ministre de l’Action sociale Alda Greoli avait reconnu que, si des moyens supplémentaires devaient être dégagés dans le secteur de l’accueil, ils iraient de manière privilégiée aux institutions déjà agréées. Présente à la conférence de presse, Mme Greoli (cdH) s’est toutefois voulue rassurante en précisant que les contrôles, dans un premier temps, seront menés dans une logique d’accompagnement, afin de guider les gestionnaires dans leurs démarches. « Ces structures ont un an pour demander l’agrément et une période transitoire de 15 ans est prévue pour mettre en conformité » le bâti, a rappelé la ministre.

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