Carine Elst. © BELGA

Le CPAS sous la présidence de Peraïta: « trois ans de terreur »

La secrétaire générale du CPAS de la Ville de Bruxelles Carine Elst a dénoncé le « régime de terreur » auquel elle dit avoir été soumise, durant les trois années de la présidence du CPAS de la Ville par Pascale Peraïta.

« M. Mayeur et Mme Peraita avaient une forte personnalité. Avec Peraita, c’était un régime de terreur. On savait que l’on devait se taire. Elle avait un langage corporel significatif. En ce qui me concerne, j’ai été avisée de garder mes distances », a affirmé Mme Elst, devant les membres de la commission d’enquête sur la gestion du Samusocial.

Carine Elst a livré nombre d’explications sur les liens très étroits entre le CPAS et l’asbl d’aide aux sans-abri, à travers la mise à disposition d’immeubles, d’avances financières liées notamment à des retards de paiements de subsides par la Commission Communautaire Commune, ou encore de personnel sous statut d’article ’60. Le personnel du Samusocial s’est vu octroyer les mêmes conditions avantageuses d’accès aux soins dans les hôpitaux publics bruxellois, le différentiel de la facture étant couvert par le CPAS.

Elle s’est aussi exprimée sur le comportement de deux des principales chevilles ouvrières du Samusocial, Yvan Mayeur et Pascale Peraïta.

« Pascale Peraïta avait peu de respect pour ma fonction et ma personne. Je crois qu’en trois ans (ndlr sous la présidence du CPAS par Mme Peraïta), j’ai été le fonctionnaire le plus contrôlé de Belgique par sa cheffe de cabinet » (ndlr: Valérie Vierset), a-t-elle déploré concernant cette dernière.

La secrétaire générale du CPAS de Bruxelles a encore dit avoir un moment envisagé de déposer plainte pour harcèlement, mais y avoir renoncé, ne s’estimant plus à même de subir sans dommage pour elle-même une confrontation directe avec Mmes Peraïta et Vierset.

Mme Elst a par contre indiqué avoir travaillé auparavant avec Yvan Mayeur durant dix-neuf ans « en parfait entendement ».

Sur le plan financier, la secrétaire générale du CPAS a confirmé l’existence d’une dette de quelque 2,5 millions d’euros du Samusocial à l’égard du CPAS de la Ville, et de nombreuses intersections entre l’institution publique et l’asbl, « mais sans un réel contrôle ».

Au-delà de la dette du Samusocial, le CPAS a également assumé la reprise de personnel du Samusocial en dehors de la période hivernale, durant laquelle ces emplois étaient subsidiés par la Région dans le cadre du dispositif d’accueil d’urgence des SDF.

Au cours de son audition, il fut aussi question du logement du CPAS occupé jusqu’en 2013 par Pascale Peraïta, moyennant un loyer bien en deçà de ses ressources financières, alors qu’elle était directrice du Samusocial. Selon la secrétaire générale du CPAS, il n’y avait, à sa connaissance pas d’autre candidat à l’occupation cet appartement (ndlr qui n’est pas un logement social). Cela a fait réagir plusieurs membres de la commission en regard du nombre de personnes à faibles revenus en attente d’un logement social ou à loyer modéré en Région bruxelloise.

Par ailleurs, le réviseur d’entreprises de l’asbl, Jamal Mouhib, appelé ensuite à témoigner, a indiqué qu’il avait été mandaté pour cette fonction, fort de son expérience dans le secteur des hôpitaux, alors que l’asbl n’avait encore qu’une envergure limitée. Il n’y a ensuite jamais eu d’appel d’offre lors de la reconduction de son contrat.

M. Mouhib a précisé ne jamais s’être attardé sur le contenu de l’enveloppe des rémunérations, accordée par jetons de présence en raison de la part limitée de celle-ci (0,3%) dans le total des dépenses annuelles d’une asbl. Soin rôle est selon lui limité à l’examen des montants significatifs dans les comptes. Sa fonction ne lui permettait pas d’assister aux réunions du Conseil d’administration.

Il n’a pas exclu totalement la possibilité d’une double subsidiation, mais alors dans une ampleur très limitée, étant donné que la comptabilité d’une asbl devrait dans ce cas faire apparaître de grands profits, ce qui fut loin d’être le cas du Samusocial.

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