Olivier Mouton

Le CPAS d’Anvers, laboratoire du conservatisme de la N-VA

Olivier Mouton Journaliste

La présidente du CPAS Liesbeth Homans, bras droit de Bart De Wever, met en oeuvre la « force du changement » proclamée par la N-VA. Au menu: mise au travail forcée et rejet des personnes ne parlant pas le néerlandais. Du populisme pur jus.

C’est à Anvers que Bart De Wever et les siens veulent concrétiser la « force du changement » promise lors de la campagne électorale des communales de 2012. Depuis le début de l’année, la métropole est devenue le symbole d’une Flandre « à droite toute », avec à sa tête le président de la N-VA associé aux chrétiens-démocrates du CD&V et aux libéraux de l’Open VLD. Une métaphore de ce qui pourrait arriver au niveau régional.

Liesbeth Homans, présidente du CPAS et proche de Bart De Wever, joue un rôle majeur dans l’illustration de cette politique nouvelle. Sa philosophie s’inspire du « compassionate conservatism » anglo-saxon cher à Ronald Reagan, George W. Bush, Margareth Thatcher ou David Cameron, une philosophie adaptée à la sauce nordiste en lui ajoutant des accents nationalistes et linguistiques.

La numéro deux anversoise avait déjà défrayé la chronique en proposant de lier l’aide médicale d’urgence aux sans-papiers à un retour volontaire en déclarant que le racisme est une « notion relative », « surtout utilisée pour justifier ses échecs personnels ». Elle poursuit cette semaine cette ligne inflexible, qui plaît à une majorité de l’opinion publique flamande, via un effet d’annonce et une pratique régulière de son CPAS.

Dans un entretien accordé à la « Gazet van Antwerpen » et au « Belang van Limburg », Liesbeth Homans proposait de contraindre les bénéficiaires d’un revenu d’intégration à travailler en contrepartie de l’argent qu’ils reçoivent de l’Etat. Les récalcitrants perdraient leur allocation. Une mesure inspirée d’une loi entrée en vigueur aux Pays-Bas, en vertu de laquelle il faut fournir un travail en contre-partie de l’aide reçue, par exemple en nettoyant les rues. Christophe Ernotte, directeur général de la fédération des CPAS et de l’Union des villes et communes de Wallonie, a déjà jugé l’idée « totalement irréaliste », précisant en outre que de nombreux bénéficiaires de l’aide sociale suivent déjà un programme de réinsertion.

Une autre charge est venue d’Yvan Mayeur, président du CPAS de Bruxelles-Ville et futur bourgmestre de la capitale. Selon lui, exemple à l’appui, le CPAS d’Anvers a refusé d’octroyer le revenu d’intégration sociale (RIS) à des allocataires venus de Bruxelles parce qu’ils ne parlent pas un mot de néerlandais. « J’ai signalé cette pratique illégale auprès de l’administration », grince Mayeur. « Nous demandons simplement que ces gens fassent l’effort de parler le néerlandais », a réagi brièvement Liesbeth Homans.

Présente au sein de plus de cinquante majorités communales, soucieuse de forcer une évolution droitière et confédérale, la N-VA tombe les masques en marquant sa différence. Sa ligne est celle du repli sur soi et de l’intransigeance socio-économique face au laxisme des partis traditionnels, quitte à flirter avec les thèses du Vlaams Belang dont elle a déjà essoré l’électorat.

Anvers est un laboratoire conservateur qui a le mérité de la clarté. Le programme du parti nationaliste présenté en vue du congrès confédéral de la fin du mois de janvier prochain épouse cette même trajectoire. Le 25 mai 2014, lors d’un nouveau scrutin décisif pour l’avenir du pays, l’électeur aura un choix clair à formuler. Il s’agira d’un référendum pour ou contre un projet de société populiste que tous les progressistes de ce pays rejettent vigoureusement.

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