Le CPAS anversois refuse les antirétroviraux à certains sans-papiers

Le CPAS anversois refuse de payer des antirétroviraux à certains sans-papiers séropositifs. Ceux qui ont la possibilité de se procurer les médicaments dans leur pays d’origine ne bénéficieront pas du traitement dont le prix peut s’élever jusqu’à 800 euros par mois. C’est ce que révèle le journal De Standaard.

Lors du précédent conseil du CPAS, Dirk Avonts (Groen) et Dirk van Duppen (PvdA), tous deux médecins, avaient déjà soulevé la question. « Le remboursement des antirétroviraux était déjà problématique pour la précédente administration », déclare Avonts.

« Le nouveau conseil du CPAS a confirmé maintenant que tous les cas de patients atteints du VIH seront examinés individuellement et qu’il n’y aura plus de règle générale, ce qui n’a pas de sens à nos yeux. Chaque patient a besoin d’antirétroviraux contre le VIH ».

Danger pour la santé publique

Ludwig Apers, médecin de l’institut anversois de Médecine Tropicale, déclare avoir reçu l’année passée une vingtaine de patients sans-papiers n’ayant pas bénéficié des moyens nécessaires du CPAS anversois pour financer le traitement indispensable.

Selon Apers, le non-accès au traitement constitue « un danger pour la santé publique ». Après quelques jours sans antirétroviraux, le virus se remet à se multiplier. En outre, une trop faible dose d’ARV peut entraîner le développement de virus du VIH résistants.  » Nous savons aussi que beaucoup de sans-papiers se prostituent pour survivre. »

Le médecin et chercheur en santé publique Wouter Arrazola de Oñate déclare dans le journal De Morgen que « le principe d’accès universel aux traitements VIH est reconnu par l’Organisation mondiale de la Santé comme stratégie efficace dans la lutte contre cette épidémie mondiale. Tous ses membres ont reconnu, signé et souscrit à cette préconisation dans la philosophie de la lutte mondiale contre les maladies infectieuses et la solidarité. »

Selon la présidente du CPAS d’Anvers, Liesbeth Homans (N-VA), la grande majorité des séropositifs qui font appel au CPAS sont aidés. Ce soutien dépasserait même les règles prescrites par le gouvernement fédéral.

A l’avenir Homans propose de lier l’octroi d’aide médicale urgente à la souscription d’un trajet de retour volontaire. « Ainsi, nous assurons l’aide médicale la plus urgente et nous prévenons une menace éventuelle de la santé publique » déclare-t-elle.

Rappel à l’ordre de Maggie De Block

Le cabinet de la secrétaire d’État à l’Asile et la Migration Maggie De Block (Open VLD) réagit avec étonnement à la proposition de Liesbeth Homans de lier l’octroi d’aide médicale urgente à la souscription d’un trajet de retour volontaire.

« Nous ne comprenons vraiment pas cette proposition. Si quelqu’un de gravement malade refuse de signer un tel trajet, on va le renvoyer à la rue et le laisser crever ? C’est inacceptable », déclare Els Cleemput, porte-parole de la secrétaire d’État.

En outre, De Block affirme que tous les frais liés à l’aide médicale urgente sont actuellement « remboursés intégralement au CPAS » par le gouvernement fédéral.

Quant aux présidents des CPAS de Bruxelles et de Gand, ils désapprouvent totalement le fonctionnement du CPAS anversois. Dans le journal De Morgen, Yvan Mayeur (PS), président du CPAS Bruxellois, qualifie le refus de son homologue anversois « de pur scandale ».

Entre-temps, Liesbeth Homans a fait savoir que l’administration du CPAS anversois ne compte pas modifier son fonctionnement. « Chaque semaine, nous nous réunissons six fois deux heures pour examiner l’aide médicale. Nous ne traitons donc pas le problème à la légère. »

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