Pierre Havaux

Le climat pris en otage, la N-VA sur son nuage

Pierre Havaux Journaliste au Vif

Pas sûr que le climat sauvera sa peau au sommet de Paris. Les nationalistes flamands, en revanche, ont déjà atteint leur objectif : ils viennent encore de démontrer que trouver un accord entre Flamands, Wallons et Bruxellois est devenu un véritable chemin de croix. Même pour les causes les plus nobles.

Une fois encore, on les attend. On les supplie de revenir à la raison. On les adjure de se montrer conciliants. Et les nationalistes flamands adorent ça : montrer que ce sont eux qui font la pluie et le beau temps dans ce pays. Prouver que les décideurs belges ont un mal fou à s’unir encore, à se fédérer, à se retrouver sur un enjeu aussi crucial et universel qu’un climat à sauver. Flamands, Wallons, Bruxellois, tous ensemble – tous ensemble, pour la planète ? Ce n’est plus du tout évident, politiquement et institutionnellement. Et cela, pour la N-VA, ça n’a pas de prix.

Les nationalistes flamands adorent montrer que ce sont eux qui font la pluie et le beau temps dans ce pays

Qu’un accord aux forceps sur les efforts climatiques à fournir entre le fédéral, la Flandre, la Wallonie et Bruxelles, soit finalement obtenu ne dissipera pas la désagréable impression laissée par cette énième saga belgo-belge : il aura fallu passer par des discussions de marchands de tapis sur les contributions exigées de chaque entité, se quereller entre voisins sur des questions de cagnottes et de quotas CO2 à mettre aux enchères, passer par des pourparlers presque dignes de chefs d’Etat entre chefs de gouvernements régionaux.

Jusqu’au bout le gouvernement flamand, où la N-VA donne le la, a soufflé le chaud et le froid, voulu marquer son territoire. L’état pas très reluisant du climat pouvait bien attendre un peu.

Flandre et Wallonie, deux démocraties, aime répéter Bart De Wever. Deux planètes aussi, où même les gaz à effet de serre rejetés dans l’atmosphère ont une saveur communautaire.

Tant pis pour l’image déplorable que laisse le pays aux yeux du monde entier. Au moins la Belgique ne rentrera pas les mains vides de la COP21 : elle est déjà assurée de revenir de Paris avec en poche un joli prix du « fossile du jour » décerné dès la première journée du sommet par les 950 ONG pour son inaction et sa paralysie. La Belgique fossile ? Le cadeau ravira la N-VA : depuis le temps qu’elle s’épuise à le démontrer.

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