Didier Reynders. © Belga

Le clan Reynders veut renouer avec le PS

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Frustrés, « en réserve de la république de l’euphorie fédérale », les partisans du vice-Premier MR oeuvrent en coulisses à un rapprochement avec les socialistes. Pour préparer la prochaine étape : le confédéralisme. Tout en soutenant leur Premier ministre, Charles Michel… Du moins provisoirement.

Charles Michel est devenu Premier ministre d’un attelage atypique, très à droite. « C’est une ironie cruelle, glisse un membre du bureau du MR. En accédant au 16, Charles a en réalité été jusqu’au bout d’une logique portée jusqu’ici… par Didier Reynders. » Reynders, que Michel a déboulonné de la présidence interne en 2011 après une terrible lutte fratricide, était le dépositaire d’une droite libérale décomplexée, d’une farouche volonté de bipolariser le débat politique. Il fut aussi le premier à avoir initié les contacts avec la N-VA. Tout a été concrétisé, alors que Charles Michel avait juré qu’il ne prendrait jamais l’initiative de négocier avec la N-VA s’il avait la main.

« Auparavant, le MR a été purement et simplement jugé indésirable par le PS et le CDH en Wallonie et à Bruxelles, poursuit cette source influente au sein du parti. Or, l’engagement de Charles quand il est devenu président, n’était-ce pas précisément de nous faire revenir au pouvoir dans les Régions ? Il n’y a eu qu’une rencontre entre Charles Michel et Paul Magnette après les élections, à l’issue de laquelle le rideau a été toute de suite tiré. » D’où une frustration qui commence à s’exprimer parmi les partisans de Didier Reynders sur l’absence des libéraux à la table des Régions, à l’heure où la Wallonie et Bruxelles devraient prendre des mesures décisives pour préparer leur avenir de façon autonome.

Retisser des liens dans les Régions : voilà donc la tâche à laquelle vont désormais s’atteler dans l’ombre… les « reyndersiens ». Ce sont les seuls qui restent pour l’instant « en réserve de la République de l’euphorie fédérale », pour reprendre l’expression de l’un d’entre eux. Selon nos informations, les partisans de Reynders se préparent déjà… à la prochaine étape. En coulisses, ils ont désormais la volonté de renouer rapidement… avec les socialistes. A très bonnes sources, Le Vif/ L’Express a appris que des contacts vont être initiés, notamment avec le ministre-président wallon Paul Magnette. Objectif ? Apaiser les tensions, travailler ensemble là où c’est possible, évoquer l’avenir des Régions et… préparer le virage confédéral que ne manquera pas de réclamer la N-VA pendant la seconde partie de législature. Avec, in fine, l’espoir d’un retour au pouvoir dans les Régions en 2019. La vengeance est un plat qui se mange froid. Les « reyndersiens » attendent aussi du nouveau président du MR, Olivier Chastel, qu’il s’émancipe peu à peu de Charles Michel.

Dans Le Vif/L’Express de cette semaine, le dossier. Avec :

  • Jean-Luc Crucke : « L’enjeu n’est pas mince : la plupart des compétences en matière de mobilité, d’environnement, d’emploi… se trouvent désormais à l’échelon wallon »
  • Richard Miller : « Certains observateurs politiques ont parlé d’une majorité kamikaze au fédéral, mais personne n’a évoqué la coalition Pearl Harbor mise en place en Wallonie »
  • Reynders s’est doté d’outils lui permettant de poursuivre son implantation à Bruxelles- Cinquante jours après la mise en place du gouvernement fédéral, le MR est un parti en lévitation : « Nous n’avons plus été unis à ce point depuis vingt ans ! »
  • Olivier Chastel : « Ce gouvernement fédéral a un projet qui va sauver la Belgique grâce à des réformes qui vont permettre la pérennité de la sécurité sociale »

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