© Image Globe

Le chômeur belge, un petit gâté ?

Le chômeur à durée indéterminée est une spécialité typiquement belge. À part ce « privilège » unique en Europe, l’assurance-chômage belge ne se distingue pas par une particulière générosité, ni par une indulgence déplacée envers ses demandeurs d’emploi.

Le régime de chômage belge reste l’un des plus onéreux et des plus passifs d’Europe. » Le credo patronal, porté par la FEB, ne prend pas une ride. Un coup d’oeil chez nos voisins révèle que, sur le papier, ça se discute.

NON, l’assurance chômage belge n’est pas nécessairement ce hamac où il fait bon se prélasser. Un : le sans-emploi belge doit patienter plus longtemps que ses homologues européens avant d’y être admis. Deux : le montant de l’allocation n’est pas particulièrement généreux sous nos latitudes. Trois : la Belgique a la main plus lourde envers ses demandeurs d’emploi pris en défaut. Les sanctions sont généralement plus réduites à l’étranger et moins souvent appliquées.

OUI, le chômeur belge peut le rester à durée illimitée, et ce « privilège » est unique. Ailleurs en Europe, l’indemnisation se limite en moyenne à deux ou trois ans. Mais cela ne signifie pas que le sans-emploi qui a fait son temps est jeté à la rue : il quitte l’assurance chômage pour tomber, moyennant enquête sur les ressources, dans une forme d’assistance sociale équivalente à nos CPAS : le régime d’invalidité aux Pays-Bas, ou en Grande-Bretagne l’assurance-maladie, dont le budget est dix fois supérieur au budget chômage.

OUI, le demandeur d’emploi est plus tardivement contrôlé et prié de s’activer en Belgique : premier entretien à l’Onem après 15 mois (- de 25 ans) ou 21 mois (25 ans et +) ; en cas d’évaluation négative, le contrôle du respect du contrat individuel n’intervient que quatre mois plus tard. La France, l’Allemagne, les Pays-Bas sont plus prompts à la détente : le demandeur d’emploi y est pris en charge trois mois après son admission à l’assurance chômage et il doit présenter un projet individualisé de recherche d’emploi dans les trois mois. Mais là encore, nuance : « L’accompagnement débute rapidement, mais il est plus souvent réduit dans une première phase. Le contrat plus intensif n’intervient souvent qu’après plusieurs trimestres en fonction des besoins du demandeur d’emploi, comme c’est le cas en Belgique », tempérait Georges Carlens, administrateur général de l’Onem, auditionné au Parlement. Et puis il y a plus laxiste : l’Italie, la Grèce, la Pologne et la Turquie n’exigent pas de leurs chômeurs qu’ils cherchent activement du travail, sous peine de sanction.

PIERRE HAVAUX

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire