Olivier Rogeau

Le choix du pape idoine

Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Premier tour de scrutin décisif, cet après-midi, au Vatican. Les 115 cardinaux électeurs entrent en conclave pour désigner le successeur de Benoît XVI. Le profil du 266e pape correspondra-t-il au besoin de renouveau et de réforme que l’on prête à l’Eglise ?

Le rituel de cette journée historique est immuable. Il remonte au Moyen-Age. Les 115 cardinaux électeurs ont célébré, ce matin, dans la basilique Saint-Pierre, la « Missa pro eligendo romano Pontifice », la messe pour l’élection du pontife romain. Ensuite, ils sont allés déjeuner à la maison Sainte-Marthe, un ancien hospice où ils habiteront à l’écart du monde, le temps pour eux de désigner le nouveau chef d’une Eglise de 1,2 milliard de fidèles.

Puis, à 16h30, les hommes en rouge – la pourpre cardinalice rappelle le sang des premiers martyrs chrétiens – se rendront en procession à 500 mètres de là, dans la Chapelle Sixtine peinte par Michel-Ange. Chacun d’eux devra, la main posée sur l’Evangile, jurer de garder le secret sur tout ce qui concerne les tours de scrutins. Les portes de la chapelle seront refermées, d’où le nom de conclave, du latin « cum clave », ce qui signifie « avec la clé ».

Le premier tour

Les cardinaux entendront une méditation prononcée par le cardinal Grech, un spécialiste des Pères de l’Eglise. Ils pourront alors, dès cet après-midi, procéder à un premier tour de scrutin, avant de retourner dîner à la maison Sainte-Marthe. Ce premier vote, qui fait figure de « primaire », sera décisif, car il fera apparaître le poids respectif des « papabili ». Chaque cardinal a un nom en tête : il sait pour qui il votera au premier tour. Mais aucun ne sait qui il choisira au deuxième, troisième, quatrième tour… Cela dépendra des tendances, des dynamiques en cours. Chacun sait, en revanche, pour qui il ne votera jamais.

Il faut 77 voix pour être élu. A ce stade, rien n’est joué, même si une demi-douzaine de noms reviennent avec insistance : le Brésilien Scherer, le Canadien Ouellet, l’Américain Dolan, le Hongrois Erdö… Parmi eux, le cardinal Angelo Scola, archevêque de Milan, tient la corde, ce qui ne signifie pas qu’il sera élu.

Certes, les cardinaux italiens n’ont pas caché, avant d’entrer en conclave, qu’avoir un pape italien, ce qui n’est plus arrivé depuis trente-cinq ans, leur conviendrait. Mais les 28 Italiens sont très divisés. Ils ont, en outre, été fort secoués par les vagues de questions posées en congrégation sur leurs pratiques locales. De nombreux cardinaux ne veulent plus accepter les dysfonctionnements de la curie romaine, qui ont handicapé tout le pontificat de Benoît XVI. Les membres de la curie ne s’attendaient pas à une telle levée de boucliers venue de cardinaux non-résidents à Rome, et même de certains résidents.

L’option est donc de choisir une personnalité de charisme et de contacts humains pour l’Eglise et pour le monde. Des qualités difficiles à trouver en un seul homme. De nombreux fidèles attendent, dit-on, « un Jean-Paul II bis ». Ils seront déçus. Les cardinaux chercheront plutôt quelqu’un qui puisse consolider ou plutôt concrétiser l’oeuvre de Benoît XVI. Il s’agit, pour l’Eglise, à la fois de mieux communiquer et de rendre aux catholiques – du moins à une minorité active – une identité claire et assumée.

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