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Opaline Meunier: Quelle est la stratégie de Lutgen ?

Seuls les candidats de la liste de Savine Moucheron pourront se revendiquer du cdH viennent de décider les instances du parti. Le cdH apparaissait pourtant divisé sur le cas Opaline Meunier, qui, à Mons, a choisi de se présenter contre la section locale du cdH sur la liste de Georges-Louis Bouchez. On questionne aussi la stratégie du président du parti Benoît Lutgen.

Seuls les candidats figurant sur la liste d’ouverture de l’échevine cdH de Mons Savine Moucheron pourront se revendiquer du cdH, ont décidé les instances du parti lundi lors d’un bureau organisé à Namur.

La question se posait après qu’une jeune candidate cdH, Opaline Meunier, a annoncé son intention de figurer sur la liste « Mons en Mieux » emmenée par Georges-Louis Bouchez. La section locale du cdH, quant à elle, avait exprimé sa préférence pour une liste propre, d’ouverture, un choix soutenu par la direction du parti. Quand Opaline Meunier a maintenu son engagement envers « Mons en Mieux », elle a été invitée à une discussion avec le président du cdH, Benoît Lutgen, après laquelle il a été convenu de lui retirer ses « titres et fonctions » au cdH. Elle était en effet depuis octobre « déléguée générale du cdH à la société civile ». Le sujet a une nouvelle fois été abordé lundi matin en bureau, ses membres étant partagés sur l’attitude à avoir envers la jeune femme. Finalement, il ne sera pas question d’exclusion du parti. Le bureau politique du cdH « a exprimé unanimement son total soutien au projet de liste d’ouverture proposé par Savine Moucheron, cheffe de file du cdH de Mons, et soutenu par la section locale du cdH ». Seuls les candidats présents sur cette liste pourront se revendiquer du cdH, précise le parti.

Le cdH était divisé sur le cas Opaline Meunier

Pour le ministre wallon Carlo Di Antonio, à qui l’on prête la volonté avec M. Lutgen d’avoir tenté le rapprochement avec M. Bouchez, la décision du parti dimanche soir d’ôter à l’ex-présidente du syndicat estudiantin Unécof ses fonctions au sein du cdH « est très claire ».

« Tout le monde doit se conformer » à la décision de la section locale de Mons, qui a opté pour une liste d’ouverture différente de celle de M. Bouchez. Ce n’est que dans ces conditions qu’Opaline Meunier peut rester membre du cdH, estime-t-il.

Autre Hennuyère, la cheffe de groupe cdH à la Chambre Catherine Fonck se dit « très déçue » de la tournure des événements. Elle fait part de sa « très grande incompréhension » sur la séquence des derniers jours et rappelle qu’il y a aussi des jeunes sur la liste cdH de la cheffe de file locale Savine Moucheron.

Cette dernière a dit « respecter le choix de chacun, mais à partir du moment où une section locale prend une décision, (Opaline Meunier) doit prendre les responsabilités du choix qu’elle a posé ».

Une exclusion formelle du parti, que la ministre bruxelloise Céline Fremault ou le député wallon Benoît Drèze refusent, nécessiterait de passer par le comité de déontologie du parti, une procédure contradictoire qui semble empêcher toute décision rapide du bureau du cdH ce lundi. Les regards se tournent donc vers la principale intéressée, qui n’avait pas été invitée à Namur pour participer au bureau.

Certaines voix semblaient aussi interroger la stratégie du président du parti Benoît Lutgen. « On va écouter les explications », indiquait laconiquement le député Georges Dallemagne. Le président du parlement wallon André Antoine ne disait pas autre chose: « on est venu entendre les explications des uns et des autres, l’heure est à l’unité… à tous les niveaux ».

« On m’a laissé le choix entre mon emploi et ‘Mons en Mieux' »

« On m’a laissé le choix entre mon emploi au cdH et ‘Mons en Mieux’. J’ai choisi le projet ‘Mons en Mieux’ et j’ai perdu mon emploi », déclare lundi midi Opaline Meunier dans une réaction au Soir. « Pour moi, il est inacceptable qu’on me tienne par un emploi, un salaire. Je ne fais pas de la politique pour ça », ajoute l’ex-présidente de l’Unécof.

Opaline Meunier avait annoncé sa décision de rejoindre la liste pluraliste du leader réformateur Georges-Louis Bouchez à Mons. Le cas de la jeune femme de 24 ans divise depuis le parti centriste, qui organisait un bureau de parti lundi matin. Le cdH annonçait par ailleurs dimanche soir qu’Opaline Meunier et le parti avaient mis fin, d’un commun accord, à tous les titres et fonctions que cette dernière y exerçait. « Je suis abattue mais je n’aurais pas pu faire autrement, même si c’est compliqué à encaisser. (…) J’ai pourtant été réglo, j’avais prévenu longtemps à l’avance », réagit Opaline Meunier.

Georges-Louis Bouchez appelle le cdH à penser « à l’intérêt de Mons »

Le Montois Georges-Louis Bouchez (MR) lance un appel lundi au nom du projet « Mons en mieux » à « toutes les personnes de bonne volonté qui composent le cdH », afin de donner à la ville « un nouvel élan citoyen pour rassembler tous ceux et toutes celles qui veulent en profondeur offrir de nouvelles perspectives », indique-t-il dans un communiqué.

« La porte reste ouverte dans le respect et l’écoute de chacun. Il faut penser à l’intérêt de Mons et non pas aux petits calculs partisans », poursuit Georges-Louis Bouchez. Opaline Meunier peut aussi compter sur le soutien d’anciens échevins et responsables du PSC montois, pour qui « le changement est nécessaire ». « L’essence de la démocratie est de permettre, voire de favoriser, l’alternance. À Mons, cette alternance passe inévitablement par un vaste regroupement », affirment en choeur les anciens échevins Jacques Hamaide, Jean-Maurice Servais, Eric Bailly et Christophe Taquin. Ceux-ci ajoutent ne pas comprendre « le refus des instances du cdH montois de participer à ce large rassemblement ». Ils appellent dès lors le parti de Benoît Lutgen à renouer le dialogue avec « Mons en mieux » et réclame que son président « manifeste une autorité à la mesure de cet enjeu ». « Ce débat doit en tout cas « être l’occasion de donner un signal fort », concluent-ils.

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