© Frédéric Pauwels/Huma

Le CDH a de très bonnes raisons d’accepter la dynamique de Bart De Wever

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

L’économiste Etienne de Callataÿ estime que le président du CDH a de très bonnes raisons d’accepter la dynamique de centre-droit initiée par Bart De Wever au fédéral. Tout en jouant la montre pour forcer le PS à choisir son repli régional.

Dans le jeu de poker menteur actuel des négociations gouvernementales, le CDH pourrait finalement être le grand gagnant, alors que ses scores électoraux étaient pour le moins médiocres. « Benoît Lutgen est en mesure de tout contrôler », souligne Etienne de Callataÿ, chef economist à la banque Degroof et proche du parti humaniste.

« En termes électoraux, un gouvernement de centre-droit au fédéral serait potentiellement bon pour le CDH, dit-il. Car au niveau du positionnement du parti, cela rééquilibrerait son image centriste, surtout après avoir donné l’image d’être scotché aux socialistes. En outre, le parti disposera davantage de poids dans un telle coalition de centre-droit. Dans une tripartie traditionnelle, chaque membre est indispensable et les poids s’équilibrent. Ici, le CDH serait dans une position où ses partenaires le savent indispensable, ce qui lui donnerait davantage d’arguments pour forcer des compromis. »

Désormais, dit-il, il est positif tant pour le CDH que pour Bart De Wever et ses alliés potentiels de prendre le temps de la réflexion sur le contenu. « C’est important sur le fond et cela forcera en outre le PS à confirmer son choix de se replier sur les Régions. En s’empressant de composer les majorités régionales, les socialistes ont sans doute mal calculé ce que cela provoquerait au fédéral. Désormais, le CDH – et dans une certaine mesure le MR, qui doit composer avec ses régionalistes… -, est prêt à s’engager au centre-droit, sans le PS. »

Une telle asymétrie entre le fédéral et les Régions serait, constate Etienne de Callataÿ, « l’expression d’un fédéralisme adulte ». Rien de choquant, donc. « Mais cela n’irait pas sans renoncements par rapport aux déclarations tonitruantes d’avant-scrutin, confesse-t-il. On l’a suffisamment dit pour le PS qui a composé ses majorités régionales avant le fédéral, contrairement à ce qu’il avait promis. Benoît Lutgen, lui, avait juré qu’il ne parlerait jamais à la N-VA. Or, c’est ce qu’il fait… » Pour les partis francophones, c’est visiblement le prix à payer pour rester influent.

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