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Le CD&V ne supporte plus Francken, mais ça ne vaut pas une crise politique

Muriel Lefevre

Le secrétaire d’État N-VA irrite au plus haut point le parti chrétien. Vraiment. Sauf que celui-ci craint de s’y brûler les doigts, dit De Morgen.

« Répugnant. »

Voilà ce que pensent beaucoup de démocrates chrétiens du nationalisme « notre peuple avant tout » du secrétaire d’État à l’Asile et aux Migrations Theo Francken (N-VA). Le dégout et la hargne envers lui sont, ces derniers temps, encore montés d’un cran au sein du CD&V. Mais aussi forte que soit l’aversion envers le personnage, le parti pense tout de même que cela ne vaut pas une crise politique dit De Morgen.

« Quel manque pitoyable de compassion chez certains politiciens N-VA qui osent dire que ceux qui sauvent les gens de la noyade en Méditerranée engendrent un dangereux pouvoir d’attraction (sic). Dans les pays civilisés, le refus de fournir une assistance aux personnes en danger est un crime puni par la loi. Ce nationalisme « notre peuple d’abord » est mortel. »

C’est ce qu’a partagé hier dans un post sur Facebook le ministre d’État Mark Eyskens. Pas une surprise en interne, puisqu’il avait déjà fait connaître son point de vue un peu plus tôt cette semaine au parti. Pour lui, pas de doute, la communication de Theo Francken va beaucoup, beaucoup, trop loin. Et il est loin d’être le seul à le penser puisque Herman Van Rompuy a directement embrayé avec un « en effet, c’est dégoutant ».

Le courroux ne touche pas que la vieille garde, la jeune génération est saturée des déclarations virulentes du secrétaire d’État. « Personne n’a contredit Eyskens. Au contraire. La manière dont se comporte Francken nous blesse beaucoup, mais on ne peut tout de même pas réagir à chacune de ses sorties ? » dit Raf Terwingen, député fédéral.

Ce qui gêne le plus Nahima Lanjri, qui officie au parlement, c’est la dichotomie qu’il y a entre ses paroles et ses actes. « Il communique sans cesse sur ses mesures sévères. Toutes les mesures de protection ne sont jamais mises en avant. Du coup, il crée de façon consciente une image qui ne correspond pas à la réalité. Et essayer de faire croire le contraire nous fait passer pour des mous et des naïfs », dit-elle encore.

Mais aussi énervé que soit le CD&V, le parti comprend bien qu’il a bien plus à perdre qu’à gagner en polarisant la situation. C’est pour cela qu’il ne réagit plus, et encore par la bande, qu’aux plus virulentes déclarations de Francken. Le parti sait, en bon parti responsable, que ce n’est pas le moment de déclencher une crise gouvernementale. Surtout en cette période de discussion budgétaire.

« Le parlement va réprimander Francken et le Premier ministre aussi. En attendant, ignorer ses remarques est encore la meilleure tactique » réagit-on, pragmatiques, parmi les ténors du parti. Où on pense surtout que cette stratégie va se révéler payante pour les prochaines élections. « La N-VA va se piéger toute seule. (…) C’est déjà en marche » dit-on encore au CD&V, sondages à l’appui. « Ils vont peut-être arriver à rallier ceux du Vlaams Belang, mais ils vont faire fuir un paquet d’autres. »

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