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« Le CD&V a raté son momentum »

Selon André-Paul Frognier, politologue à l’UCL, en refusant de négocier sans la N-VA, le CD&V a raté une opportunité de se distancier des nationalistes de manière honorable.

Le Vif.be : Quelle est la stratégie de la N-VA ? Y a-t-il une manipulation de la part de Bart De Wever dans sa lecture de la note Di Rupo ?

André-Paul Frognier : La stratégie de la N-VA est claire depuis longtemps : elle est rationnelle et scissionniste. Mais comme Bart De Wever sait bien que l’électorat flamand n’est pas prêt au séparatisme, il fait en sorte de rendre tout accord impossible pour amener l’opinion publique flamande à croire que, finalement, la scission du pays est la seule issue. C’est extrêmement rationnel, je n’y ajouterais aucun qualificatif psychologique ou moral. L’inverse aurait été un miracle, alors que la note d’Elio Di Rupo est déjà un catalogue de concessions, qu’il a fait le maximum.

Le CD&V est-il également coupable ? Ce parti va-t-il imploser ? Les ténors du parti (Yves Leterme, Kris Peeters, Steven Vanackere, Wouter Beke…) étaient, semble-t-il, prêts à négocier. Il y a, dans ce parti, des conflits extrêmement importants. Ils ont raté une opportunité de se distancier de la N-VA de manière honorable. Je ne sais pas si l’occasion va se représenter. Pour eux, c’était le bon moment, le momentum. C’est une vieille loi de la politique belge : les régionalistes du CVP, après quelques années d’exercice du pouvoir au niveau belge, deviennent fédéralistes. Voyez Wilfried Martens, Jean-Luc Dehaene, qui étaient assez radicaux à leurs débuts… Mais il y a aussi cette frange confédéraliste qui veut faire de la Belgique une « coquille vide » et garder l’influence à Bruxelles. Ce sont les deux camps en présence.

Les élections sont-elles le scénario le plus probable ?

Personne ne le souhaite, à part la N-VA. Même s’il faut en passer par là, les élections ne seront qu’une trêve. Il ne faut pas les voir autrement. La situation va recommencer à s’envenimer après les élections. Il n’y a aucun signe d’affaiblissement de la NV-A.

Entretien : Marie-Cécile Royen

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