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Le budget wallon 2017 est en déficit de 300 millions

Le gouvernement wallon a présenté dimanche un budget 2017 en déficit de 300 millions d’euros, soit deux fois moins bien que les 150 millions d’euros de déficit qui avaient été convenus dans la trajectoire du retour à l’équilibre en 2018 fixée en 2014, mais « plus transparent » en ce que l’exercice intègre l’effet du tax shift fédéral, une première pour la coalition PS-cdH. Pour le MR c’est la « chipote budgétaire ».

L’exécutif sudiste continue de contester les effets du tax shift fédéral sur les recettes wallonnes (-117 millions d’euros en 2017) ainsi que la dotation négative du fédéral dans le conflit sur les infrastructures hospitalières (-32 millions d’euros).

« On fait néanmoins un exercice de transparence budgétaire en intégrant ces éléments dans le déficit », a souligné le ministre-président Paul Magnette. Il parle d' »apaisement », pour autant que les autres gouvernements plaident auprès de l’Europe pour assouplir les règles comptables qui grèvent les capacités d’investissement des pouvoirs publics. L’effet positif de la DLU (déclaration libératoire unique) est également intégré au budget wallon, de sorte que l’impact des décisions fédérales sur les recettes régionales s’élève à 114 millions d’euros.

Sans cet impact, le gouvernement wallon aurait présenté un budget en déficit de 186 millions d’euros, davantage dans la ligne de la trajectoire budgétaire initiale, ont relevé M. Magnette et le vice-président cdH du gouvernement, Maxime Prévot.

Le retour à l’équilibre en 2018 s’éloigne quoi qu’il en soit un peu plus. « Ce n’est pas un objectif en soi », a répété Paul Magnette, défendant l’équilibre entre rigueur budgétaire et capacité d’investissements.

Outre l’impact des mesures fédérales, le ministre du Budget Christophe Lacroix explique le déficit par la baisse de la croissance (1,2% au lieu de 1,5%) et la prise en compte de l’inflation. L’ensemble de ces éléments ont porté le déficit à 451 millions d’euros au début des travaux budgétaires.

Ces derniers jours, le gouvernement PS-cdH a convenu d’y ajouter 93 millions d’euros de dépenses qu’il juge « incontournables » en raison du contexte socio-économique: contrat d’insertion (15,5 millions), accès au logement (15 millions), pôles de compétitivité (15 millions), compétitivité énergétique des entreprises (11,5 millions), soutien à la reconversion de Caterpillar (6 millions d’euros), etc. Le tout porte le déficit à 544 millions.

Les 244 millions d’euros de mesures qui doivent permettre de réduire le déficit à 300 millions sont glanés sur des opérations techniques ou de gestion de la dette, des réductions de frais de fonctionnement, mais aussi des ventes de biens publics pour 9,5 millions d’euros (Immowal, bois domaniaux, sites à réaménager, etc.) Le gouvernement récupère aussi 4,5 millions d’euros sur la baisse du nombre des réfugiés à accueillir et 17,3 millions en évacuant l’impact budgétaire des mesures sécurité-radicalisme, comme l’autorise l’Europe.

Le déficit résiduel de 300 millions d’euros servira à couvrir les co-financements européens, les investissements dans les routes, dans la SRWT (transport en commun), les aéroports, le programme Galileo (GPS européen à Transinne) et les Cités des métiers. Paul Magnette défend cette sélection comme un « message politique » à la Commission européenne pour qu’elle assouplisse ses règles comptables. « Il faut pouvoir dire à M. Moscovici (le commissaire européen aux affaires économiques et financières, ndlr): ‘nous sommes en déficit, mais c’est un bon déficit' ».

Le gouvernement s’est aussi accordé sur la révision du plan wallon d’investissement pluriannuel, d’un peu plus d’un milliard d’euros, pour des zones économiques ou à réhabiliter (330 millions), le secteur hospitalier (240 millions), les logements nouveaux (150 millions), les aéroports (120 millions) ou encore les crèches (48 millions).

De la « chipote budgétaire »

Le budget 2017 présenté dimanche par le gouvernement wallon (PS-cdH) relève de la « chipote budgétaire », a réagi le chef de groupe MR au parlement wallon Pierre-Yves Jeholet, tout en reconnaissant une forme d’apaisement dans la prise en compte des effets du tax shift fédéral.

Le déficit de 300 millions d’euros constitue « une mauvaise nouvelle pour les générations futures », a commenté M. Jeholet, déplorant un manque d’audace du gouvernement à réduire davantage le « train de vie » de la Région wallonne (structures, dépenses). Le chef du premier parti d’opposition dit toujours chercher de vraies réformes en matière de logement ou de fiscalité. « On est dans la chipote budgétaire », selon Pierre-Yves Jeholet, pour qui l’argument de l’absence de taxes nouvelles ne cache pas que la télé-redevance sera encore due l’an prochain ni que l’assurance-autonomie en gestation soit un « impôt déguisé ». Quant à l’éloignement progressif de l’équilibre budgétaire en 2018, M. Jeholet n’en fait plus un « fétichisme », alors que le gouvernement fédéral élabore lui aussi son budget en se penchant non seulement sur les recettes et les dépenses, mais aussi sur la trajectoire. Le non-respect de l’équilibre en 2018 ne serait pas le plus important s’il y avait des ambitions nouvelles au gouvernement wallon, ce qui n’est pas le cas aux yeux du député. Le libéral reconnait que l’intégration dans le budget de l’impact du tax shift fédéral constitue une forme d’apaisement entre les deux exécutifs. « Le gouvernement wallon ne peut pas toujours pleurer sur les autres ; au moins ne revient-on pas sur ces mesures qui améliorent le quotidien des gens ».

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