Bastogne © BELGA

Le Brexit inquiète les vétérans belges de la Seconde Guerre mondiale

Le Vif

A l’approche du vote sur l’avenir du Royaume-Uni dans l’UE, des anciens combattants belges de la Seconde Guerre mondiale sont inquiets de voir leur allié historique choisir la voie du Brexit, la sortie de l’Union.

Inquiets, mais pas surpris.

A 91 ans, Henri d’Oultremont, un ancien de la célèbre « Brigade Piron », composée de résistants belges basés à Londres, ne croit plus en l’idéal, hérité de la guerre, d’une Europe unifiée.

Pour lui, le référendum britannique reflète l’échec du rêve européen.

« On n’a jamais réussi à finaliser cette Union européenne, alors il ne faut pas s’étonner s’il y a des pays que ça exaspère, qui veulent partir », a confié à l’AFP celui qui a oeuvré toute sa vie à maintenir un lien fort entre Londres et les anciens combattants belges en participant à de nombreuses commémorations.

Il n’est pas anodin, aux yeux des vétérans belges, que ce soit le Royaume-Uni, ancien allié lors des deux conflits mondiaux du XXe siècle, qui menace de rompre les amarres avec le continent.

Ils n’ont pas oublié qu’en 1940, après la défaite de la Belgique et son invasion par l’Allemagne nazie, le gouvernement belge s’est exilé à Londres jusqu’en 1944, et ils appréhendent le divorce prédit par les derniers sondages.

A moins d’une semaine du scrutin, les partisans du Brexit font la course en tête. Deux nouveaux sondages publiés jeudi donnent le camp du Brexit vainqueur, à 53% contre 47% pour le premier, à 52% contre 48% pour le second.

Pour Henri d’Oultremont, l’UE est une « union idéaliste » qui n’est « jamais arrivée à son but ».

Esprit de 1940 ?

D’autres, comme Jean Martial, restent optimistes. Interrogé par l’AFP, cet autre ancien de la « Brigade Piron » qui a participé à la bataille de Normandie ainsi qu’à la libération de Bruxelles en septembre 1944, veut continuer à croire en une Europe unifiée.

Lui qui a quitté en 1942, à 18 ans, sa Belgique natale pour rejoindre la résistance à Londres, est convaincu que les Britanniques de sa génération s’opposeront au Brexit.

« S’ils ont gardé la mentalité de 1940, c’est le non (au Brexit) qui gagnera. Ils ne voudront pas sortir de l’Union Européenne », estime-t-il en feuilletant son album à souvenirs composé de photos et de coupures de presse de l’époque.

Jean Martial exprime pourtant des réserves quant à la jeune génération, celle qui n’a pas connu la guerre.

« Ils (les jeunes) n’ont peut être plus l’esprit de leur parents et pourraient voter en faveur du départ de l’Union européenne », observe-t-il.

Les sondages montrent pourtant que les jeunes Britanniques veulent rester dans l’UE et que l’ancienne génération a, elle, tendance à choisir la rupture.

Repli inquiétant

Nichée dans l’Ardenne belge, à la frontière luxembourgeoise, se trouve Bastogne. Célèbre pour avoir été au coeur de la « Bataille des Ardennes », la dernière grande offensive du IIIe Reich fin 1944, cette petite ville fut le théâtre d’un siège sanglant, qui s’est soldé par la mort de dizaines de milliers de soldats.

Toujours profondément marquée, la commune est devenue un symbole de la victoire des Alliés sur le nazisme.

Pour le conservateur du nouveau Musée de la Guerre de Bastogne, Benoît Remiche, la perspective d’un Brexit est symptomatique d’un repli alarmant en Europe.

« Il y a des signes inquiétants, que ce soit à l’Est mais aussi chez nous, d’une forme d’égoïsme et de nationalisme. Une forme de croire qu’en se rétrécissant sur nous mêmes, nous pourrons trouver des solutions », déplore M. Remiche.

Le conservateur du musée va plus loin en considérant que ces signes pourraient « amener de nouveau la barbarie. Celle même qui a frappé Bastogne et l’Europe entière il y a près de 70 ans ».

AFP

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