Hendrik Vos

Le bon bulletin de Reynders

La Flandre connaît mal le monde politique wallon. Seuls quelques grands ténors défilent dans les médias flamands. Mais nous sommes loin de connaître le fin mot de l’histoire. Prenons le cas de Didier Reynders.

Hendrik Vos, Professeur et directeur de Centre d’études européennes à l’université de Gand

Fin novembre, nous apprenions que le MR souhaitait écarter notre grand argentier de la présidence du parti pour se choisir promptement un nouveau leader. Depuis pas mal de temps, Reynders fait figure de bête noire en Flandre. La presse flamande l’a souvent qualifié de plus mauvais ministre belge des Finances de tous les temps. La télévision a consacré des reportages impitoyables à la mauvaise marche de son département. Or, maintenant que son rôle dans la politique wallonne touche à sa fin, Reynders est présenté sous un jour très favorable en Flandre. Plusieurs journaux du Nord ont publié de grands entretiens avec lui où ses exploits pendant la présente présidence tournante de l’Union européenne sont acclamés.

La présidence belge est sur le point de s’achever. La plupart des observateurs estiment que notre pays a fait du bon travail. Grâce à lui, l’Union a réussi à réaliser une percée dans plusieurs dossiers épineux, essentiellement dans le domaine économico-financier. Le contrôle des banques, par exemple, sera davantage coordonné à partir de 2011.

Après coup, cette appréciation élogieuse ne laisse pas de surprendre dès lors qu’à l’origine la présidence belge ne suscitait guère d’espérances. On redoutait que les ministres démissionnaires manquent d’autorité. Mais, finalement, tout se passe bien. Le mérite en revient, d’abord, à l’excellente qualité des travaux préparatoires accomplis par les diplomates. Mais les ministres eux aussi se sont fort bien acquittés de leur tâche. Nombreux sont ceux qui n’ont d’yeux que pour la situation apparemment inextricable de la politique intérieure belge, à tel point qu’ils en oublient que les ministres démissionnaires ont les mains libres pour jouer pleinement leur rôle européen. D’ailleurs, en ce moment, crise politique oblige, ceux-ci ne sont pas débordés de besogne. Reynders jouit, de plus, d’une solide expérience européenne. Il connaît personnellement la plupart de ses collègues. Cela lui est d’un grand secours pour forger des compromis.

La présidence belge fournit une occasion idéale pour se faire remarquer à l’extérieur. Willy Claes, ministre des Affaires étrangères lors de la présidence belge en 1993, est devenu, peu de temps après, secrétaire général de l’Otan. A l’heure actuelle, le ministre belge qui occupe la première place sous les feux des projecteurs est Didier Reynders. Le bonheur d’entamer sous peu une belle carrière internationale lui sourit déjà.

Alors que la Flandre a fini par accorder une bonne note à Didier Reynders, la politique wallonne lui tourne le dos. Voilà qui ne manque pas d’étonner.

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