« Laurent Louis doit démissionner ! »

L' »affaire Laurent Louis » continue de faire des vagues. Jean-Denis Lejeune demande officiellement la démission du député MLD. Mais Laurent Louis a-t-il réellement commis une infraction en publiant le rapport d’autopsie de Julie et Mélissa ? Pas évident, répondent des avocats.

Jean-Denis Lejeune a fait savoir jeudi soir à l’agence Belga, par l’intermédiaire de son avocat, qu’il demande la démission du député Laurent Louis. Cette prise de position fait suite à la tenue d’une conférence de presse, jeudi matin, lors de laquelle Laurent Louis a annoncé qu’il avait diffusé le rapport d’autopsie de Julie et Mélissa, deux victimes de Dutroux, et lors de laquelle il avait exhibé deux photos de l’autopsie.

Mardi, une plainte avec constitution de partie civile avait déjà été déposée auprès d’un juge d’instruction liégeois par Me Jean-Yves Marichal, l’avocat qui représente Jean-Denis Lejeune. Cet avocat a confirmé qu’il informerait prochainement le juge d’instruction des nouveaux développements de l’affaire.

Jean-Denis Lejeune a également lancé un appel à la démission de Laurent Louis : « Indépendamment des poursuites pénales et civiles, Jean-Denis Lejeune estime que Laurent Louis devrait avoir la décence de quitter ses fonctions parlementaires compte tenu de son comportement indigne et irresponsable », a indiqué Me Jean-Yves Marichal.

Laurent Louis : « Choquant et immoral mais pas d’infraction évidente »

La publication, par le député MLD, d’informations relatives à l’enquête judiciaire sur l’affaire Dutroux a un caractère « choquant et immoral » mais n’a a priori pas de côté illégal, commentait jeudi l’avocat pénaliste Frank Discepoli : « Après une première analyse rapide, l’infraction n’apparaît pas évidente. »

Jeudi, le député a tenu une conférence de presse ayant pour objet la pédophilie et au cours de laquelle il a dénoncé l’existence de réseaux et brandi deux photos issues du rapport d’autopsie de Julie Lejeune et Mélissa Russo. L’homme a en outre publié sur son site Internet le rapport d’expertise médico-légale des dépouilles des fillettes.

Pour les spécialistes, la violation du secret d’instruction n’est peut-être même pas vérifiée. « Ces rapports et images avaient déjà été diffusés au cours d’une audience publique au procès », rappelle Me Discepoli.

Quant à d’éventuelles poursuites pénales, la justice devra notamment trancher si l’immunité parlementaire de l’intéressé s’étend aux propos publiés sur son site Internet, précise l’avocat bruxellois Alexis Ewbank. Si une poursuite pénale n’est pas garantie, le débat peut très bien être porté au civil afin de déterminer, notamment, s’il y a un motif légitime à publier de telles données en tant que député.

« Un parlementaire a certes le droit d’investiguer mais quelle est la nécessité de raviver à ce point le sujet ? N’y a-t-il pas atteinte à la dignité, la tranquillité et au deuil des proches ? », s’interroge encore Me Ewbank.

Joëlle Milquet veut « voir comment l’immunité parlementaire de Laurent Louis peut être levée »

La ministre de l’Intérieur a appelé à examiner « comment l’immunité parlementaire de Laurent Louis peut être levée », après que le député a suscité l’indignation générale en diffusant les photos de l’autopsie de Julie et Mélissa.

« On a atteint les confins de l’abject, a déclaré Joëlle Milquet au micro de Matin Première (RTBF). J’avais les larmes aux yeux quand j’ai eu Jean-denis Lejeune au téléphone. » Selon la ministre, il convient d’examiner la levée de l’immunité parlementaire : « L’appareil judiciaire doit se mettre en route. » Et d’évoquer plusieurs chefs d’inculpation possibles, comme la violation du secret professionnel et la diffamation.

LeVif.be, avec Belga

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