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« Laissez les employés malades rester chez eux une semaine sans certificat médical »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Le professeur de médecine du travail Lode Godderis (KU Leuven) estime qu’il est totalement superflu de se rendre chez son généraliste pour un certificat en cas d’affection banale. « Laissez les gens décider eux-mêmes de rester chez eux jusqu’à une semaine ».

Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises privées exigent un certificat de maladie dès le premier jour d’absence. Généralement, les fonctionnaires peuvent rester chez eux deux fois par an pendant une journée sans certificat médical, même si leur administration a le droit de leur envoyer un médecin du travail et qu’ils sont obligés de le recevoir.

Interrogé par Het Nieuwsblad, le professeur estime que les visites chez le généraliste pour obtenir un certificat coûtent énormément d’argent à la société et leur prennent un temps précieux. « Les gens savent parfaitement comment guérir d’une affection banale telle qu’un gros rhume, de la diarrhée ou un mal de gorge. Généralement, il suffit de quelques jours pour s’en remettre et les médicaments sont en vente libre à la pharmacie. »

Faire confiance aux employés

Selon lui, l’obligation de présenter un certificat dès le premier jour de maladie crée un climat de méfiance entre les entreprises et leurs employés. Il estime qu’en faisant confiance aux employés, on leur donne un sentiment de responsabilité qui les incitera à se remettre rapidement au travail, même plus vite que stipulé sur le certificat. Et pour lui, le certificat médical n’empêche pas la fraude. « Peu de médecins contrediront un patient qui dit qu’il a vomi toute la nuit et qu’il ne se sent pas bien ».

L’association de généralistes Domus Medica partage son avis, même si elle estime que la durée d’une semaine est un peu longue. Pour l’ASBL, les employés devraient pouvoir rester chez eux deux jours par an sans certificat médical.

Sans surprise, les employeurs ne sont guère convaincus par la proposition du professeur. L’organisation patronale flamande Voka estime que la suppression du certificat médical revient à ouvrir la porte aux abus. Du côté d’Unizo, Karel Van Eetvelt se dit ouvert au débat, mais souligne que si on supprime le certificat il faut une autre forme de contrôle, « car il y a déjà beaucoup de fraude ».

Pas de salaire garanti

Le Syndicat Neutre pour Indépendants (SNI) estime, quant à lui, que si l’on supprime le certificat médical pour la première semaine d’absence, il faut également retirer le droit au salaire garanti. Il cite une étude de Securex qui a démontré qu’un jour d’absence coûte 1007 euros (coûts directs et indirects) par jour à l’employeur. « Les personnes qui trouvent injuste de n’avoir droit au salaire garanti qu’après une semaine de maladie sans attestation médicale ne doivent pas se plaindre, car les indépendants ne reçoivent aucune indemnité pendant le premier mois de maladie », conclut le syndicat.

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