Labille :  » Je veux réviser la loi sur les entreprises publiques « 

Le Vif

Dernier arrivé au sein du gouvernement, Jean-Pascal Labille (PS) n’est pas seulement un ministre technicien de transition. En se disant humblement dispo pour son parti, il cache mal ses ambitions en politique. Interview de rentrée.

Malgré les promesses de transparence, la nomination des top-managers a donné lieu à d’âpres marchandages entre partis…

Jean-Pascal Labille, ministre des Entreprises publiques et de la Coopération : Les candidats ont tout de même eu des entretiens avec des chasseurs de tête qui ont vérifié leurs aptitudes et les ont interrogés sur la vision qu’ils avaient de l’entreprise. Sur les cinq candidats retenus, il s’est avéré que, pour la SNCB, l’une n’avait pas le diplôme requis. Elle a été écartée. Il y avait une place vacante et c’est Frank Van Massenhove qui a été choisi.

Ses compétences n’ont pas été validées par les chasseurs de tête…

Non. Il avait en revanche passé les examens du Selor. Maintenant, je suis le premier à dire que ce système est perfectible.

On a quand même l’impression que la Belgique reste une incroyable particratie, non ?

Je peux comprendre ce sentiment. Mais ce n’est pas parce qu’on vient du secteur privé et qu’on est lié à un parti politique qu’on est un con. Ce qui importe, ce n’est pas de savoir qu’un type est lié à tel parti, mais qu’il a les compétences pour relever les défis de l’entreprise publique.

Comment l’Etat peut-il jouer davantage son rôle de stratège vis-à-vis des entreprises publiques ?

Je compte proposer de réviser la loi de 1991 sur les entreprises publiques autonomes, même si ce n’est pas dans l’accord de gouvernement. Lorsqu’il y a un grave accident de train à Wetteren, comme en mai dernier, le ministre de tutelle ne peut rien dire, parce que la loi lui interdit d’intervenir. Logique ? Mon objectif n’est pas de me mêler de la gestion quotidienne des entreprises publiques. Par contre, l’Etat doit avoir son mot à dire sur les rémunérations et les indemnités de départ des patrons. Celles-ci ont été fixées, il y a six ans, dans des contrats négociés par l’entreprise seule. Je ne trouve pas ça normal.

Vous semblez donneur de leçon vis-à-vis des top-managers. Avant d’être nommé ministre, vous étiez l’homme aux 56 mandats. N’est-ce pas un peu gênant ?

Je suis imperméable à ce genre de critique. Sur les 56 mandats que j’occupais, une quarantaine découlaient de ma fonction aux Mutualités socialistes. Si je retourne aux Mutualités, je prendrai des mesures pour que cela soit modifié à l’avenir. A la SRIW (NDLR : Société Régionale d’Investissement de Wallonie), la règle voulait aussi que le président siège dans toutes les filiales. Ce qui explique la pléthore de mes mandats.

Vous évoquez votre retour aux Mutualités. On a dit de vous que vous étiez un ministre technicien et de transition. Que comptez-vous faire après 2014 ?

Je pense avoir été davantage qu’un technicien. J’aurai encore un certain nombre de choses à dire d’ici à mai 2014. Pour la suite, je reste à la disposition de mon parti.

Vous pourriez donc vous présenter aux élections de 2014 ?

Pour l’instant, je suis attendu aux Mutualités.

Propos recueillis par Laurence Van Ruymbeke et Thierry Denoël

L’interview intégrale dans le Vif/L’Express de cette semaine

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