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La Wallonie a 30 ans. Et après ?

De Seraing à La Louvière, les Wallons fêtent la Wallonie. Mais avec, en 2010, un relief particulier : la Wallonie a officiellement 30 ans. Un anniversaire qui coïncide avec une nouvelle étape du fédéralisme qui taillera sans doute un nouveau costume aux trois Régions du pays.

Par MICHEL DELWICHE

Trente années qui ont servi à asseoir la présence wallonne », affirme Jean-Maurice Dehousse (PS), le premier à avoir installéà Namur ses pénates de ministre-président, comme on ne disait pas encore. Et pour qui la mémoire ne doit pas être trop courte : « On a oublié aujourd’hui les hésitations profondes, les inquiétudes nombreuses quant à la capacité des Wallons à se gérer eux-mêmes. »

« Les Wallons, à l’époque, étaient demandeurs, ajoute Rudy Demotte (PS), actuel ministre-président de la Région wallonne et de la Communauté française : ils ont voulu prendre en main leur destin dans un Etat national déséquilibré, qui avait favorisé l’inversion des richesses au profit de la Flandre. La Wallonie a voulu disposer du levier économique, c’était sa revendication première. »

La logique régionale

Des années difficiles, qui laissent des traces. Avec quel résultat ? « Aujourd’hui, nous pouvons constater la relance continue de nos exportations depuis plusieurs semestres, répond-il. Et concernant l’emploi, la Wallonie a connu un redressement au cours des six premiers mois, avec la création de 25 000 postes de travail [NDLR, soit un accroissement net de près de 5 000 travailleurs par rapport à juin 2009]. Le chemin reste long, d’accord, et nous aurons encore des moments pénibles, mais la logique du plan Marshall et la bonne gouvernance économique portent leurs fruits, ai-je lu dans la presse flamande… »

Ce 30e anniversaire des institutions wallonnes coïncide avec une étape cruciale de l’évolution du pays. Soit les négociations reprennent, et aboutissent à un accord qui se traduira, c’est la logique Di Rupo, par un important transfert de compétences auquel les francophones ont déjà consenti. Soit c’est l’éclatement du pays, et il n’y a, par définition, plus de compétences fédérales.

Les 16 milliards de transferts négociés par Elio Di Rupo (emploi, soins de santé, sécurité civile…) sont « un paquet énorme » de compétences régionales, dit Rudy Demotte, ce qui conforte l’architecture institutionnelle qu’il entend défendre, basée sur la primauté des Régions. Dans ce contexte, ce sont également celles-ci qui doivent gérer l’enseignement, la culture, la santé, le sport… « C’est cela le sens de la Fédération Wallonie-Bruxelles que j’ai initiée avec Charles Picqué, explique-t-il. La Fédération, c’est un pont, un organe de coordination entre deux Régions à part entière pour gérer les compétences de la Communauté française. »

L’enseignement par exemple : le programme du gouvernement communautaire prévoit de travailler sur des bassins d’enseignement qui correspondent à la réalité sur le terrain, la Communauté gardant ce qui est normatif. Pour les autres matières, des accords de coopération directs peuvent être conclus entre la Wallonie et Bruxelles, ou avec la Flandre. Les entreprises, à Bruxelles, ne sont ni francophones ni néerlandophones, et peuvent adhérer aux pôles de compétitivité mis en place par le plan Marshall wallon.

Pour les Flamands, qui ont fusionné Région et Communauté, conclut le double ministre-président, « la Communauté, c’est un territoire, ce qui conduit à une logique de bloc contre bloc. Cette inversion est d’ailleurs surprenante : la Flandre, qui prône le droit du sol, déborde de ses limites, et ce sont les francophones qui ont la vision régionale la plus appuyée, garantie de ne pas avoir d’affrontement bloc contre bloc ». Un raisonnement optimiste, qui promet à la Wallonie un 31e anniversaire…

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