Olivier Destrebecq

La valeur ajoutée des syndicats est égale à zéro

Olivier Destrebecq Député Wallon MR de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Ce 7 octobre aura lieu une grève nationale dont le déroulé est cousu de fil blanc. Les citoyens et les travailleurs seront gênés dans leurs déplacements, les commerçants qui voudront ouvrir leurs magasins seront pris à partie et les leaders syndicaux sortiront banderoles et mégaphones.

Bref, tout sera immobilisé et cela ne servira strictement à rien.

Quand les syndicats comprendront-ils que ce type d’actions est préjudiciable pour l’Etat et donc pour les citoyens ? Quand utiliseront-ils la grève pour ce qu’elle est, à savoir le moyen ultime de protestation et pas le moyen standard ?

Toutes ces grèves ne contribuent qu’à une chose: déforcer la valeur de la grève

Il serait temps que les syndicats réapprennent certains principes en vigueur en Belgique.

  1. Les syndicats ne font pas les lois, cette prérogative revient au Parlement et au Gouvernement.
  2. Les décisions se prennent en concertation avec les partenaires sociaux. Le dialogue doit donc prévaloir sur la protestation.
  3. Les syndicats ne sont pas seuls à la table des négociations. Il faut donc pouvoir faire des concessions.
  4. Un pays ne se gouverne pas sur base des seules positions syndicales. Des paramètres tels que l’allongement de l’espérance de vie, la croissance des dépenses en soins de santé, les contraintes budgétaires, les obligations internationales doivent entrer en ligne de compte.
  5. Le droit à la grève est important mais pas absolu. Il ne prime ni sur le droit au travail, ni sur la liberté de circulation.
  6. La crédibilité d’une organisation est renforcée si elle applique à elle-même les principes qu’elle exige des autres. La transparence financière doit concerner les banques, les entreprises privées et publiques, les mandataires politiques…mais aussi les syndicats.
  7. Il existe des lois pénales auxquelles tous les citoyens doivent se soumettre sous peine de sanctions. La grève ne légitime en rien les infractions à ces règles.
  8. Les individus ont une personnalité juridique, de même que les associations et les entreprises. Il n’est plus acceptable que ce ne soit pas le cas des syndicats.

La lutte des classes est un concept dangereux du XIXème siècle qui inscrit la société dans la violence et l’opposition. S’il s’agit là de la société rêvée par les syndicats, ce n’est certainement pas la mienne.

Notre société démocratique a pour principe de mettre en place et de faire fonctionner l’ascenseur social. Parfois, cet ascenseur tombe en panne et c’est précisément le rôle du politique de le réparer. Malheureusement, cela passe bien souvent par la prise de décisions difficiles.

En tout état de cause, si les syndicats continuent d’adopter un comportement aussi passéiste, alors leur crédibilité ne fera que s’éroder.

Le MR a lancé une grande opération de réactualisation doctrinale, en concertation avec sa base. Il serait temps que les syndicats fassent de même, qu’ils redéfinissent leur rôle, leurs moyens d’action et d’une manière générale, leur identité.

Ce travail fondamental ne pourra mener qu’à un regain de plus value.

Ce constat vaut tant à l’échelle des négociations politiques, que dans le cadre de la défense des travailleurs au sein des entreprises.

Que ce soit à Longtain, à la SNCB et dans certains dépôts TEC, le rôle des syndicats est trouble à l’égard des travailleurs et des directions. Dans ces circonstances, où les syndicats s’inscrivent uniquement dans la protestation violente, leur apport me semble totalement nul !

Les syndicats ont un rôle à jouer dans notre société, encore faut-il qu’ils prennent conscience de leur crise identitaire et y apportent les réponses adéquates

A l’inverse, là où les syndicats font privilégier le dialogue et la négociation – je pense par exemple au TEC Hainaut – la relation de confiance permet une résolution pacifique des conflits au profit des travailleurs, de l’entreprise et des clients.

Les syndicats ont assurément un rôle à jouer dans notre société – un rôle positif et constructif – encore faut-il qu’ils prennent conscience de leur crise identitaire et y apportent les réponses adéquates.

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