« La tolérance zéro pour l’alcool nous aidera-t-elle dans la lutte contre la conduite sous influence ? »

« Si le niveau de contrôle n’augmente pas, il est inutile de modifier les limites du taux d’alcoolémie autorisé » écrit Jef Van den Bergh (CD&V).

Conduire et boire vont-ils de pair ? Non jamais. Mais avant d’instaurer la tolérance zéro comme limite légale, on doit au moins se demander si c’est la mesure la plus indiquée pour améliorer la sécurité routière. En d’autres termes : est-ce que ce genre mesure va effectivement nous aider dans la lutte contre la conduite sous influence et diminuer le nombre de victimes de la circulation ?

La proposition cadre dans la campagne BOB actuelle: on n’est pas BOB à moitié, un vrai BOB ne boit pas d’alcool. La communication et la sensibilisation autour de la tolérance présentent l’avantage incontestable d’être clair. Comme le révèlent les enquêtes et les sondages, on assiste également à un soutien de plus en plus important au principe « conduire = ne pas consommer d’alcool ».

Cependant, on doit se poser la question suivante : en cas de révision de la loi, notre circulation sera-t-elle plus sûre ? Y aura-t-il moins de victimes ? Le risque d’accident causé par la conduite sous influence baissera-t-il ? Ce n’est pas très clair, et on risque même d’assister à des effets négatifs indésirables.

Manque de contrôles

En instaurant la tolérance zéro, on risque de baisser l’efficacité de nos contrôles d’alcoolémie. Le plus grand défi, ce n’est pas la limite en soi, mais le manque de contrôles. Il est très facile pour les responsables politiques de modifier les limites, de souligner l’importance de la sécurité routière. Il est beaucoup plus difficile, mais nettement plus important, d’imposer et de maintenir les limites. Outre la sensibilisation, il n’y a qu’une réponse à cette problématique : plus de contrôles. Pas seulement pendant les campagnes BOB, mais toute l’année. Les chiffres montrent que ceux-ci ont de l’effet. Généralement, le nombre de conducteurs qui sont contrôlés positivement est deux fois plus élevé que pendant les actions BOB.

Un risque plus faible de se faire prendre

Par ailleurs, la limite zéro nous fait risquer un effet indésirable, à savoir une perte d’efficacité de nos contrôles d’alcoolémie. Ces dernières années, on a fait beaucoup de progrès en matière de rapidité et de nouveau moyens techniques tels que les prétests. Les contrôles se déroulent de façon beaucoup plus efficace et on peut contrôler beaucoup plus de chauffeurs dans un même temps et avec autant de personnel. Si on ramène la limite à 0 ou 0,2 pour mille, on risque à nouveau de perdre en efficacité.

En outre, le risque d’accident quand on conduit sous influence augmente exponentiellement à partir de concentrations d’alcool de 0,5 pour mille. Lors de débats et études similaires aux Pays-Bas et en France, on a estimé qu’une baisse générale de la limite légale entraînerait une utilisation moins efficace des moyens de contrôle.

Si le niveau de contrôle n’augmente pas, il est inutile de modifier les limites du taux d’alcool autorisé

Aujourd’hui, les risques de contrôle pour un chauffeur belge sont très faibles. Une grande partie de mes contemporains qui possèdent leur permis de conduire depuis plus de 20 ans témoignent qu’ils n’ont jamais été confrontés, ou seulement une fois, à un contrôle d’alcoolémie. Si le niveau de contrôle n’augmente pas, il est inutile de modifier les limites. Au contraire, le nombre limité de contrôles risque encore de baisser. Par conséquent, les chauffeurs qui ont consommé de grandes quantités d’alcool et représentent un risque beaucoup plus élevé pour la sécurité routière échappent aux mailles du filet. Ce n’est pas le but recherché.

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