Guy Rapaille dirige le comité permanent de contrôle des services de renseignement et de sécurité, dit Comité R. © Belga

La Sûreté ne s’est pas opposée à la naturalisation de Chodiev qu’elle savait mafieux

« Il apparaît clairement, dès les années 1994, 1995 et 1996, à la Sûreté de l’Etat que (le milliardaire Patokh) Chodiev entretenait des liens problématiques avec la mafia russe », a indiqué mercredi Guy Rapaille, président du comité R, l’organe de contrôle des services de renseignement.

Il est dès lors « étonnant » que dans son rapport transmis à la commission de naturalisation de la Chambre en 1996, la Sûreté se contente d’un cachet « rien à signaler », a-t-il précisé.

« Je n’ai pas d’explication à ce stade-ci sur le pourquoi de la chose, c’était il y a 20 ans », a souligné M. Rapaille devant la commission d’enquête parlementaire qui se penche sur les liens présumés entre un trio d’hommes d’affaires proches de la mafia et certains milieux politico-économiques en Belgique et un éventuel trafic d’influence qui a pu aboutir à une modification législative et une transaction avec la Justice à leur profit.

« La direction (à la Sûreté) a changé, un certain nombre d’acteurs sont à la retraite voire décédés », a dit M. Rapaille, lui qui n’était pas à la manoeuvre au moment des faits.

Des documents qu’il a pu consulter et dont il a fait état aux commissaires, il ressort que la Sûreté a entretenu de « nombreux contacts » avec M. Chodiev, ces liens avec la mafia russe étant encore épinglés, après la parenthèse « rien à signaler », cela jusqu’au début des années 2000.

Lors de ces contacts, M. Chodiev a tenté d’obtenir des faveurs des autorités belges, pour lui et pour ses proches. Il est apparu que M. Chodiev a obtenu permis de travail et cartes professionnelles qui ont ouvert la voie à son séjour en Belgique. Le quotidien Le Soir indique mercredi que Tractebel, empêtrée à l’époque dans un investissement au Kazakhstan est intervenue pour ce faire auprès des autorités.

Les liens entre M. Chodiev et la Sûreté ont fait dire à certains commissaires que l’intéressé a pu être un « informateur » du renseignement alors que l’Europe occidentale était intéressée à l’époque à pénétrer la mafia russe dans un contexte de démantèlement de l’Union soviétique.

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