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La Sûreté de l’Etat fournit des téléphones… dont elle déconseille l’usage !

En février 2010, le service de renseignement belge déconseillait aux décideurs politiques l’usage des « téléphones intelligents », par lesquels peuvent transiter trop de données sensibles ou privées. Pourtant, en mars, certains de ses cadres recevaient des… BlackBerry. Logique, vraiment ?

Les messages électroniques, conversations téléphoniques, SMS, courriels et fax compris, sont aisés à intercepter pour peu qu’on dispose de moyens informatiques : dès qu’une donnée est émise, elle est par nature captable. Voilà ce que savent bien les spécialistes du renseignement, les détectives privés et certains policiers.

Le cas du « BlackBerry », le plus connu des téléphones « intelligents », est d’autant plus marquant qu’il permet de réunir en un seul terminal plusieurs modes de communication et qu’il peut enregistrer quantité de données.

On se souvient, à cet égard, du problème qui se posa à Barack Obama au mois de novembre 2008, quelques jours après son élection à la présidence des Etats-Unis. Il ne prétendait pas se départir de son PDA (« Personal Digital Assistant », autre appellation de ces machines), alors que les services de renseignement et de protection lui commandaient le contraire, par souci de sécurité.

En Belgique, le même sujet avait rebondi en février 2010 au Parlement. Le ministre de la Justice Stefaan De Clerck (CD&V) indiquait, sur la base d’un avis de la Sûreté de l’Etat et de réactions de services secrets étrangers, que l’utilisation du BlackBerry par les décideurs importants posait des problèmes de sécurité. La loi, disait-il, interdit même le traitement d’informations classifiées par ce moyen.

Seulement voilà. Le Vif/L’Express a appris que la Sûreté de l’Etat, en la personne de son directeur des opérations – Robert M., un très haut gradé normalement bien informé -, a fourni des BlackBerry à ses cadres un mois plus tard. Est-ce bien cohérent ?

Le Vif/L’Express a réuni, dans son édition de ce vendredi 25 juin, les informations qui permettent d’évaluer la question ainsi que les explications du patron de la Sûreté.

Roland Planchar

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