© Belga

La SNCB a-t-elle bien retenu les leçons de Buizingen?

Les syndicats se demandent si la SNCB a bien retenu les leçons de Buizingen et en a tiré les enseignements nécessaires. Le syndicat autonome des conducteurs de trains (SACT) estime même que la SNCB fait fausse route avec son système TBL1+ et devrait faire marche arrière.

A la veille d’une action de blocage des trains, le syndicat autonome des conducteurs de trains (SACT) a profité lundi de la tribune de la Commission « sécurité du rail » pour dire tout le mal qu’il pensait du système de sécurité actuellement mis en place, le TBL1+. Ce système de freinage d’urgence, dont le gouvernement a décidé d’accélérer la mise en oeuvre après la catastrophe de Buizingen, « c’est de la pacotille », a lancé le président du SACT, Arthur Mercier. « Il faut 1200 mètres pour arrêter un train de marchandises, et le TBL1+ n’est actionné que 300 mètres avant le feu rouge », a-t-il expliqué.

Citant des estimations de la SNCB, il ajoute que le nombre de franchissements de feux rouges devrait, avec le TBL1+, passer d’une moyenne de 95 à 25, ce qui est encore insuffisant à ses yeux.

M. Mercier considère le fait de devoir attendre 2030 avant de voir le réseau ferroviaire belge entièrement équipé du système européen de régulation continue ETCS comme de la « folie pure » et n’hésite pas à prédire d’autres catastrophes telles que celle de Buizingen si de nouvelles mesures ne sont pas prises. Pour lui, la SNCB doit faire « marche arrière », abandonner ses investissements dans le TBL1+ et se lancer sans plus tarder dans le développement de l’ETCS.

Prenant leurs distances avec ce discours radical, les trois autres organisations syndicales (CGSP-Cheminots, CSC-Transcom et SLFP-Chemins de fer) ont convenu que le TBL1+ restait dans la situation actuelle la solution la moins mauvaise pour rattraper le retard pris dans le développement des systèmes de sécurité ferroviaire en Belgique, tout en ajoutant que l’ETCS devait rester l’objectif principal.

Le président de la commission, David Geerts (sp.a), a pour sa part déploré l’action des conducteurs de trains prévue mardi de 15h00 à 17h00. « Tous les spécialistes disent que la mise en oeuvre de l’ETCS prendra du temps, on pourrait dès lors mener de telles actions chaque semaine, aux dépens des voyageurs », a-t-il fait remarquer.

Pour la CGSP-Cheminots, Gérard Gelmini a affirmé que depuis la catastrophe de Buizingen, le groupe SNCB n’avait pas encore pris la mesure des changements à adopter en termes de culture de la sécurité. La mise en oeuvre accélérée du TBL1+ se fait sans personnel supplémentaire et les syndicats n’ont encore « rien vu venir » sur le plan de la formation, alors que la pénurie des techniciens se chiffre à quelque 300 postes dans le groupe SNCB. Ce dernier dispose pourtant de gens expérimentés qui, même sans diplôme universitaire, peuvent être valablement formés au sein de l’entreprise, et leurs compétences reconnues, a-t-il fait observer. « Il y a bien eu une certaine simplification réglementaire, mais tout cela prend énormément de temps », a-t-il déploré.

Le changement annuel des séries d’horaire des conducteurs de trains, programmé à la mi-décembre, démontre que beaucoup de leçons n’ont pas encore été tirées au niveau de la surcharge psycho-sociale pesant sur les travailleurs, a estimé Gérard Gelmini.

Son homologue de la CSC-Transcom, Dominique Dalne, a pointé du doigt des structures encore trop lourdes et pesantes dans le groupe SNCB alors que, pour le SLFP-Chemins de fer, Roland Vermeulen a jugé que le problème de la sécurité était toujours sous-estimé.

Des détails sur l’action de la SACT

Le Syndicat Autonome des Conducteurs de Train (SACT) mènera une action de lundi soir à 22 heures à mercredi matin à 6 heures. L’incertitude règne quant aux conséquences de cet arrêt de travail. La SNCB indique ne pas avoir d’idée de l’importance du mouvement tandis que le représentant syndical responsable, Arthur Mercier, n’est pas joignable.

Leen Uyterhoeven de la SNCB-Holding estime que le SACT représente environ 10 pc des conducteurs de trains, et ce principalement en Wallonie. Les principaux points noirs sont donc à prévoir dans la partie francophone du pays. Des perturbations sont également possibles à la gare de Namur où un barrage pourrait être mis en place mardi entre 15h et 17 h, peut-on lire sur le site internet de Railtime.

Le SACT revendique une meilleure sécurité sur le rail belge, notamment via l’introduction du système de sécurité ETCS, qu’il considère plus sûr, à la place du système actuellement mis en place (TBL1+), ainsi que de meilleures conditions de travail pour les conducteurs de train.

LeVif.be, avec Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire