Delphine Chabbert

La situation politique actuelle inquiète la Ligue des familles

Delphine Chabbert Secrétaire politique de la Ligue des familles

Il reste deux ans à peine avant les prochaines élections. Deux ans pour faire aboutir des réformes essentielles au quotidien des familles. La Ligue des familles demande aux responsables politiques la formation des gouvernements wallon, bruxellois et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, avant le 21 juillet 2017. Les enjeux sont trop importants pour s’embarquer dans une longue crise en affaires courantes.

C’est peu de dire que nous avons été surpris ; groggy même à l’idée des impacts possibles pour les dossiers que nous suivons : futur des allocations familiales, accès au logement, crèches, école, assurance autonomie, etc. Et puis une incompréhension, pour ne pas dire une indignation, face à un monde politique de plus en plus déconnecté des besoins réels des citoyen.ne.s, des parents et des enfants. La Ligue des familles n’a pas pour habitude de commenter les manoeuvres politiciennes. En général, nous rester au-dessus de la mêlée, assumant notre rôle de mouvement de parents, fiers de participer à la politique dans son sens le plus noble : celui d’oeuvrer pour le vivre ensemble et l’intérêt collectif. Aujourd’hui, nous nous sentons obligés de réagir. Puisque les politiques ne parlent plus des gens, c’est à l’associatif de le faire et de rappeler aux élus leurs responsabilités.

Allocations familiales : notre plus grande inquiétude

Rétroactes : la 6e Réforme de l’Etat prévoit la fin du transfert des allocations familiales, une branche entière de la sécurité sociale, au 1er janvier 2020. Ce transfert est sur de bons rails en Wallonie, en Flandre et en Communauté germanophone ; même si un gouvernement en affaires courantes pourrait fragiliser le bon déroulement de ce transfert. A Bruxelles, c’est la grande inconnue. Un accord politique est annoncé depuis des mois mais rien n’est sorti. Pas d’accord sur le futur modèle, pas d’arrêtés d’exécution sur la mise en route du futur organe de gestion des allocations familiales (Iriscare), pas d’accord sur les circuits de paiement (l’organisation des caisses privées) et rien sur la mise en route de la future caisse publique prévue dans l’accord de gouvernement. Des mois de négociations entre 6 partis et 2 ministres et nous n’en sommes nulle part. La Région pourra-t-elle dans ces conditions garantir la continuité de paiement des allocations familiales pour les familles bruxelloises ? Pourra-t-elle tenir le timing prévu par les 3 autres entités d’un basculement au 1er janvier 2019 ? Quid si elle n’y arrive pas ? Dans tous les cas, la Ligue des familles ne tolérera aucun retard de paiement et pas une seule perte d’argent pour les familles suite au transfert.

En Wallonie la situation est mieux avancée.Il reste tout de même un décret à voter, prévu initialement avant le 21 juillet, pour couler dans le bronze toutes les modalités du transfert et du futur modèle d’allocations familiales pour les familles wallonnes. De nouveau, tout retard pourrait être préjudiciable pour les familles.

Accueil de l’enfance : à quand la grande réforme tant attendue ?

Qui sait qu’un projet de réforme de tout le secteur de la petite enfance, travaillé depuis plus de deux ans par le secteur et débattu politiquement depuis peu, était sur le point d’être conclu ? La Ministre Gréoli (cdH) devait déposer une note au gouvernement dans les prochains jours pour engager cette vaste réforme. Et maintenant ? Les enjeux sont tout aussi importants que ceux abondamment débattus autour du Pacte d’excellence. Manque de places, coûts exorbitants pour les parents, formation des professionnels, modalités d’inscriptions, simplification et viabilité des structures d’accueil… Nos inquiétudes sont immenses sur ce dossier.

Autre sujet, la mise en place (enfin !) d’un vrai statut pour les accueillantes d’enfants. Reporter l’aboutissement de ces négociations serait inadmissible. Des dizaines d’accueillantes mettent la clé sous la porte chaque semaine, aggravant ainsi la pénurie de places d’accueil pour les enfants.

Enfin, nous attendons résolument les arrêtés d’exécution pour les milieux d’accueil sauvages à Bruxelles. Il en va de la sécurité quotidienne d’enfants accueillis dans des crèches non contrôlés. Les dernières situations dramatiques relayées dans les médias ne peuvent rester plus longtemps sans réponse.

Logement : quid de la régionalisation du bail ?

Depuis des semaines, les débats sont vifs au parlement bruxellois pour trouver un accord sur la proposition de loi sur la régionalisation du bail : garanties locatives, grilles indicatives de loyers, outils de lutte contre les discriminations envers les allocataires sociaux, les femmes seules avec enfants ou des personnes issues de l’immigration. Entre autres… Alors quoi maintenant ? On recommence tout à zéro ? Ce serait inadmissible.

Autre dossier, les garanties locatives. Une ordonnance vient d’être votée sur la création d’un Fonds BRUGAL à Bruxelles. Or, sans arrêtés d’exécution, ce Fonds n’existera pas et les familles les plus en difficultés restent sur le carreau pour trouver un logement. Pas possible.

Ecole : mettre en oeuvre les mesures du pacte pour un enseignement d’excellence !

Tuer le pacte, c’est repartir pour des dizaines d’années d’immobilisme avec une école qui dysfonctionne structurellement et qui laisse de côté trop d’enfants en échec. Nous demandons la poursuite et la mise en oeuvre effective de cette vaste réforme, imparfaite mais nécessaire.

Et puis, nous passons sur tous les enjeux autour de la culture, de la mobilité, des matières de santé transférées (santé mentale, promotion de la santé à l’école, maisons de repos etc.), de l’assurance autonomie en Wallonie et tant d’autres.

Aujourd’hui nous lançons un appel à la responsabilité politique de l’ensemble des partis qui discutent en ce moment de l’avenir des familles vivant à Bruxelles et en Wallonie. Nous leur demandons simplement de ne pas les oublier. Nous attendons la formation rapide de gouvernements mais surtout des accords politiques sur des programmes communs qui assurent la qualité de vie des familles, et prioritairement celles des plus fragilisées.

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