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La réponse « collective » de l’Europe aux djihadistes

Démantèlement d’une cellule sur le point de tuer des policiers en Belgique, interpellations en région parisienne, coup de filet dans la mouvance islamiste à Berlin: l’Europe était vendredi sur le pied de guerre face aux djihadistes, après les attentats de Paris. Résumé.

A Paris, où il a reçu le secrétaire d’État américain John Kerry, le président français François Hollande a appelé à une réponse « collective » et « ferme » face au terrorisme auquel « nous (…) faisons la guerre ». Une semaine après les attaques djihadistes qui ont fait 17 morts dans la capitale française, l’enquête progresse: 12 personnes, soupçonnées d’un « possible soutien logistique » aux tueurs, ont été placées en garde à vue en région parisienne.

De son côté, le président américain Barack Obama a promis vendredi que les Etats-Unis et le Royaume-Uni continueraient « à faire tout ce qui est en (leur) pouvoir pour aider la France à rendre justice et (…) empêcher des attentats et démanteler ces réseaux terroristes », lors d’une conférence de presse commune avec David Cameron à la Maison Blanche.

En Belgique, une vaste opération a été menée pour « démanteler une cellule terroriste et son réseau logistique » sur le point de « tuer des policiers sur la voie publique et dans les commissariats », selon le parquet fédéral.

Elle a été marquée par un assaut de la police jeudi soir à Verviers, considérée comme un vivier du radicalisme islamique, lors duquel deux suspects sont morts après avoir riposté avec des armes de guerre. Treize personnes ont été arrêtées, dont cinq ont été inculpées pour « participation à un groupe terroriste ». Trois ont été placées en détention préventive, deux remises en liberté sous conditions, et les huit autres ne font pas l’objet de poursuite.

En outre, deux Belges ont été interpellés dans les Alpes françaises alors qu’ils tentaient de fuir vers l’Italie. La Belgique a délivré un mandat d’arrêt européen à leur encontre.

La justice n’a pas révélé l’identité des deux hommes tués lors de l’assaut mais selon des comptes djihadistes sur Twitter, il s’agirait de Radwan Haqawi et Tareq Jadoun. La presse belge, qui parle de Redwane Hajaoui et Tarik Jadaoun, affirme qu’il s’agit de deux jeunes de Verviers partis en Syrie et revenus dans leur ville à l’insu de leurs familles.

Un des hommes inculpés, qui se trouvaient avec eux dans l’appartement, identifié comme Marouane T. par la presse belge, « nie avoir été en Syrie et être impliqué dans un projet d’attentat », a déclaré son avocat, Didier de Quévy. Il explique sa présence sur les lieux par sa participation à un trafic de drogue.

L’avocat, cité par les journaux du groupe Sudpresse, a expliqué que des documents saisis à Verviers lient les djihadistes présumés aux menaces de représailles proférées mercredi contre des librairies bruxelloises si elles distribuaient le dernier numéro de Charlie Hebdo.

Les membres du réseau s’apprêtaient à passer à l’acte, « au maximum sous quelques jours », a assuré le parquet fédéral. Le trio était en possession notamment de « quatre fusils de type kalachnikov » ainsi que d’armes de poing, de munitions, d’uniformes de police, de téléphones portables, de matériel de communication, de documents falsifiés et de grosses sommes d’argent.

La cellule planifiait des « attaques dans toute la Belgique », a précisé le porte-parole du parquet fédéral, Eric Van der Sijpt. Plus de 3.000 jeunes Européens sont partis combattre sur le territoire syrien, selon les experts, dont environ 30% sont revenus en Europe. « L’opération a permis de « porter un coup important au terrorisme en Belgique », a déclaré M. Van der Sijpt.

Les autorités belges préparaient cette opération depuis plusieurs semaines, a précisé le parquet. « Il n’y a pas de liens entre les attentats à Paris et ceux programmés en Belgique » ni « entre les filières », a insisté le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, même si des échanges d’informations et une coopération opérationnelle, ont eu lieu entre polices belge et française.

Dans le pays, le niveau de menace terroriste, qualifié de « grave », a été relevé d’un cran, à trois sur une échelle de quatre. La Commission européenne a indiqué avoir aussi renforcé sa sécurité.

Le Premier ministre, Charles Michel, a annoncé que le gouvernement était prêt à faire appel à l’armée pour renforcer la sécurité, une première en Belgique depuis une vague d’attentats politiques dans les années 1980. A Anvers, la grande ville flamande où coexistent une communauté juive et une importante population musulmane, des militaires seront mobilisés dès samedi matin dans la ville.

A Bruxelles, les postes de police filtrent les entrées et la surveillance du palais de Justice a été renforcée. Les policiers doivent porter à l’extérieur armes et gilets pare-balles, et patrouiller à plusieurs.

Les cours ont été suspendus vendredi dans les grandes écoles juives de la capitale et d’Anvers, ainsi que dans un établissement à Amsterdam, aux Pays-Bas.

D’autres mesures ont été rendues publiques, dont la création dans deux prisons de quartiers spéciaux pour « isoler » les détenus musulmans radicalisés.

A Berlin enfin, une dizaine de perquisitions au sein de la « mouvance islamiste » ont été effectuées vendredi matin. Deux Turcs ont été arrêtés, membres présumés d’un groupe qui envisageait « un acte violent, grave en Syrie », a annoncé la police.

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