© BELGA/Etienne Ansotte

La redevance kilométrique confirmée: « On va droit dans le mur pour les PME »

Après l’annonce des tarifs de la redevance kilométrique pour poids lourds en Wallonie, les fédérations de transporteurs regrettent que celle-ci s’applique également à certaines routes régionales, en plus du réseau autoroutier. Les transporteurs saluent en revanche l’uniformisation des tarifs entre les régions. La redevance pour poids-lourds est appelée à remplacer l’eurovignette en avril 2016.

« Nous regrettons que la redevance ne se limite pas au réseau couvert par l’eurovignette » (autoroutes, rings, routes nationales), indique Isabelle De Maegt, porte-parole de la Febetra (Fédération royale belge des transporteurs et des prestataires de services logistiques).

Le réseau couvert par la redevance est en effet complété par certaines sections pour éviter les reports de trafic sur les routes régionales, soit 300 km de plus que les 1.950 km du réseau eurovignette actuel. « Cela alourdit encore l’addition », déplore Michaël Reul, secrétaire général de l’UPTR (Union professionnelle du transport et de la logistique).

Actuellement, les transporteurs paient 1.250 euros d’eurovignette par camion. Lorsque celle-ci sera remplacée par la redevance kilométrique, cette charge sera amenée à plus de 8.000 euros par camion, selon les calculs de l’UPTR. « Cette augmentation est énorme. On va droit dans le mur pour certaines PME », ajoute le secrétaire général.

Pour l’Union des classes moyennes (UCM), la redevance est un « sale coup pour le secteur du transport » ainsi que « pour tout les autres secteurs où le coût du transport est un facteur important ». Le transport a perdu 610 entreprises et 6.523 emplois en cinq ans, selon elle. L’UCM soutiendra la suppression de la taxe de roulage afin de « compenser partiellement le coût de cette mesure ».

Les fédérations de transporteurs demandent au gouvernement wallon qu’il reprenne la « concertation avec le secteur », notamment sur les mesures d’accompagnement. Elles souhaitent voir baisser les charges patronales afin de « maintenir le niveau de compétitivité ».

Michaël Reul craint notamment que la redevance accentue davantage la concurrence des pays de l’Est. « La facture sera alourdie pour les clients, qui seront amenés à faire de nouvelles études de marché. Il apparaitra alors encore plus clairement que les concurrents sont moins cher », explique-t-il. Une « redistribution des cartes qui peut être fatale pour certaines entreprises », selon lui.

Du côté des chauffeurs, l’Union belge des transports (UBT-FGTB) souligne que les compensations ne peuvent pas se faire au détriment des routiers.

Tous les acteurs, par contre, applaudissent l’uniformisation des tarifs entre la Flandre et la Wallonie, où le tarif de base s’élèvera à 11,3 centimes.

Les fédérations de transporteurs prévoient une manifestation symbolique le 18 juin à Bruxelles afin d’attirer l’attention sur leurs préoccupations.

Il y aura un tarif spécifique pour le passage des poids lourd dans les rues de la capitale

Le gouvernement bruxellois s’est mis définitivement d’accord jeudi sur la tarification qui sera de mise, à partir d’avril 2016, en matière de redevance kilométrique des poids lourds en Région-capitale. Sur le Ring (autoroute), Bruxelles s’alignera sur la tarification de mise en Flandre, la Région qui l’entoure. Le tarif intra-urbain sera plus élevé pour contrer les tentations d’évitement du Ring par le centre de Bruxelles pour le trafic de transit. Par rapport à la version initiale, le texte du projet d’ordonnance a connu une évolution significative: il n’y aura pas de distinction entre les voiries bruxelloises selon qu’elles soient régionales ou communales.

S’agissant du réseau autoroutier, « personne n’aurait compris que le tarif soit différent de celui de la Flandre, et que sur l’E40 par exemple, le tarif appliqué varie à de multiples reprises », a commenté le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort, à l’issue de la réunion.

Pour le ministre des Finances Guy Vanhengel (Open Vld) l’objectif du prélèvement n’est pas de taxer plus mais différemment, de manière transparente, dans le contexte d’une réforme globale de la fiscalité routière. Le prélèvement permet de veiller à une répartition plus équitable des coûts de l’infrastructure entre ceux qui l’utilisent, y compris les chauffeurs poids lourds étrangers.

Tandis que la ministre de l’Environnement Céline Fremault insistait que l’impact positif du dispositif en termes de pollution tant de l’air que sonore, le ministre de la Mobilité Pascal Smet a quant à lui mis l’accent sur son caractère incitatif à la redistribution en ville à l’aide de véhicules plus petits.

Dans les chiffres, le tarif variera de 7,40 à 20 centimes sur autoroute et de 9,90 centimes à 29,20 centimes sur les rues, avenues et boulevards de la ville, en fonction du poids, et du niveau d’émissions polluantes du poids lourd tel qu’évalué d’après les normes européennes « Euro » 1, 2, 3, 4, 5, ou 6.

Le gouvernement bruxellois a précisé, à l’issue de sa réunion, que la mise en oeuvre de ce prélèvement kilométrique ferait l’objet d’une évaluation permanente au regard des objectifs fixés afin de permettre « une évolution intelligente du système », grâce notamment aux premières données qui seront disponibles après les premiers mois d’application.

Les ministres bruxellois se sont donnés rendez-vous à la rentrée « pour aborder la question d’une éventuelle évolution de la fiscalité qui touche les automobilistes circulant à Bruxelles ».

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