« La recherche frénétique de viande bon marché mène à des excès »

« L’une des principales causes qui expliquent les scandales tel que celui qui secoue en ce moment l’entreprise Veviba réside dans la pression à laquelle est soumis le secteur de la viande pour pratiquer les prix les plus bas possible », estime le biotechnologue de l’alimentation Frédéric Leroy (VUB). « On offre alors la possibilité aux opportunistes de couper les angles et on tombe rapidement dans l’illégalité. »

« C’est un problème complexe comportant de multiples facteurs », concède le professeur Leroy, « mais on peut néanmoins se poser des questions quant au comportement du secteur de la distribution -et donc des supermarchés- et des consommateurs, et de la pression qu’ils exercent sur l’industrie productrice et transformatrice de viande pour garder les prix les plus bas possible. Si le grand public ne veut pas payer le prix pour un produit de qualité, il risque évidemment de trouver dans son assiette le fruit de ce chipotage. C’est ce qui se passe aujourd’hui ».

Selon le prof. Leroy, il y a une tendance à moins consommer de viande mais il faudrait aussi qu’on prenne l’habitude de mieux valoriser celle-ci et donc de la vendre plus chère. « A l’heure actuelle, la viande est diabolisée et ce n’est pas correct », dit-il encore. « La viande a traditionnellement toujours signifié beaucoup dans l’évolution de l’homme et est encore très importante au niveau nutritionnel aujourd’hui car elle contient beaucoup d’éléments nutritifs dont nous avons besoin, tels que des vitamines, du fer et des protéines. Un régime végétarien n’apporte pas en quantité suffisante -surtout aux enfants, par exemple- certains éléments qui doivent alors être ingérés via des suppléments alimentaires.

« Un dumping social important dans le secteur de la viande »

Les problèmes en matière de bien-être animal et de sécurité de la chaîne alimentaire font partie d’un malaise plus général dans lequel se débat le secteur de la viande depuis des années déjà, affirme le syndicat chrétien CSC Alimentation, vendredi dans un communiqué.

« La CSC avait déjà dû agir en 2010 contre des entrepreneurs malhonnêtes », précise le syndicat. « Leur personnel est sous-payé et/ou mis au travail sous un statut de faux indépendant. Aucune attention n’est accordée à la sécurité et à l’hygiène, pas plus d’ailleurs qu’au bien-être animal. Il n’y a plus trace de fierté du travail bien fait. »

« Tous les moyens sont mis en oeuvre pour tenir les syndicats en dehors de tout ça », ajoute la CSC. « Il s’agit souvent de travailleurs d’origine étrangère, ne maîtrisant pas ou très peu le français ou le néerlandais, ce qui ne facilite pas les choses. Quand on combine cela avec une importante pression sur les prix, cela pousse les entreprises à s’engager dans ce genre de constructions. Ce qui crée une concurrence déloyale pour les sociétés qui travaillent correctement, lesquelles sont, heureusement, encore majoritaires ».

Delhaize demande de rapporter en magasin la « queue de boeuf » de sa marque

Delhaize demande à ses clients de rapporter dans leur magasin la queue de boeuf de sa marque, annonce vendredi l’entreprise dans un communiqué. L’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA) mentionne en effet « la possibilité d’un risque pour la santé publique ». Pour l’instant, l’AFSCA n’a pas émis d’avis selon lequel d’autres produits seraient concernés, précise encore Delhaize.

Le produit incriminé porte le code EAN 225451000XXXX. Tous les numéros de lot et toutes les dates limite de consommation sont concernés.

Delhaize demande donc à ses clients qui auraient acheté ces produits de ne pas les consommer et de les rapporter dans un magasin de la chaîne.

Bio-Planet (Colruyt) rappelle à son tour la queue de boeuf biologique

Les clients qui ont acheté de la queue de boeuf biologique dans un Bio-Planet, filiale du groupe Colruyt, « sont invités à ne pas en consommer et à la rapporter en magasin. Le produit leur sera remboursé », annonce vendredi soir le groupe.

« Suite aux infractions qui ont été constatées chez le fournisseur de viande VEVIBA et en concertation avec l’AFSCA (Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire), Bio-Planet a décidé hier/jeudi de retirer la queue de boeuf biologique de la vente, de même que tous les autres produits de ce fournisseur. La queue de boeuf biologique était disponible depuis le 21 février 2018 au comptoir traiteur des magasins Bio-Planet », précise-t-il.

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