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« La police est trop payée pour ce qu’elle fait »

Les révélations apparues sur l’enquête de l’affaire Janssen entraînent nombre de questions sur la réforme des polices. Les policiers de terrain sonnent l’alarme.

Des hauts gradés de la police de terrain, qui souhaitent rester anonyme, voient dans l’affaire Janssen une redite de l’affaire Dutroux. « Sauf qu’on est encore plus gênés qu’alors« .

L’affaire Dutroux avait entraîné une grande réforme des polices. La refonte complète des forces de l’ordre a permis de rassembler en une même administration les différentes composantes de la police.

Jusqu’à il y a près d’un an, les critiques en interne étaient relativement limitées. Mais aujourd’hui, des instances académiques admettent volontiers en  » off  » que la réforme des polices se trouve dans une impasse. Et ils ne voient pas dans l’immédiat comment cela pourrait évoluer.

Pour commencer, il y a un fossé entre la police fédérale et la police locale. Mais les enquêteurs sur le terrain ont d’autres problèmes tels que l’attitude des policiers et le manque de directives, de discipline et de sanctions. « C’est l’organisation anarchique qui domine » expliquent-ils. Malgré la coûteuse reforme des polices, il règne dans les bureaux la même atmosphère que dans une administration vieillissante où le culte du fonctionnaire et l’individualisme sont enracinés dans les mentalités.

L’égalisation des différents services suite à la réforme à par ailleurs poussé à un nivellement intellectuel vers le bas. Le niveau est peu élevé, mais financièrement cela n’a pas empêché d’égaliser les salaires des différentes composantes de la police. Du coup la grande majorité des policiers gagnent plus qu’avant. « La police est aujourd’hui beaucoup trop payée pour ce qu’elle fait  » fulmine un cadre dirigeant.

Vient encore se rajouter à ce constat le fait que l’on peut difficilement licencier ou sanctionner sévèrement un policier. Les procédures pour indiscipline sont très compliquées et mènent souvent à la suppression des sanctions suite à un dépassement des délais. «  Le résultat est que nous travaillons dans un endroit où tout le monde est intouchable et où l’on doit garder tout le monde à bord « .

Le comité P, l’organe de contrôle externe sur la police, devrait effectuer des coups de sonde à l’improviste pour pouvoir prendre sur le fait les manquements des policiers. Pour l’instant la police camoufle ses fautes de peur de souffrir d’une mauvaise réputation.

IVD

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