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La N-VA plus riche que le PS : les ressorts d’une fortune éclair

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

Les nationalistes flamands baignent dans l’argent, alors que les socialistes francophones tirent la langue. Le Vif/L’Express s’est glissé dans le portefeuille des deux mâles dominants de la scène politique.

Sixième exercice comptable d’affilée bouclé en positif : jamais, depuis qu’elle a décidé de jouer cavalier seul, la N-VA n’a essuyé une perte financière. Année après année, le parti de Bart De Wever engrange bénéfice sur bénéfice. Toujours plus plantureux : 635 000 euros dégagés en 2009, jusqu’à près de trois millions en 2011.

2014, année électorale toujours coûteuse, a quelque peu ralenti la cadence, non sans se clôturer sur un gain supérieur au million d’euro (1 140 739 euros). La N-VA n’est plus seulement le parti le plus puissant du pays, elle est aussi le plus riche, prenant le dessus sur le PS.

Les scrutins de 2010 (fédéral) et de 2014 (fédéral/régional /européen) ont fait exploser la banque et dopé les rentrées financières adjugées au nombre de voix récoltées ; 11,8 millions d’euros captés l’an dernier en dotations et subsides publics, 682 425 euros rétrocédés par les mandataires, 335 602 euros versés par plus de 40 000 affiliés tombés sous le charme. L’an dernier, 20 308 euros en dons sont venus garnir les caisses du parti, qui d’ordinaire se contente de gestes financiers limités entre 1 500 et 3 000 euros.

La N-VA plane, en se shootant à l’argent public. Elle y a puisé, sur la période 2009-2014, entre 88 et 93 % de ses ressources totales. Et c’est à l’étage fédéral que le parti nationaliste flamand, fort de ses 33 députés, décroche la timbale : l’an dernier, il en a tiré 43,1 % de ses recettes publiques.

La N-VA se retrouve donc à la tête d’un trésor de guerre passé en cinq ans de 5,6 millions d’euros à 17,9 millions. Selon les calculs des politologues Jef Smulders et Bart Maddens (KUL), ce capital devrait fructifier jusqu’à… 43 millions d’euros en 2019, date du prochain rendez-vous électoral à l’échelle fédérale et régionale.

Le PS, lui, voit rouge dans ses comptes. Echanger un gain de 688 672,18 euros en 2013 pour une perte de 835 020,11 euros en 2014 : le coup est exceptionnellement rude à encaisser, puisqu’il fait plonger le résultat financier du parti d’1,5 million d’euro d’une année à l’autre. Le PS avait dégagé un bénéfice d’1,4 million d’euros en 2011.

La force électorale du parti, peu entamée sur le long terme, lui assure des recettes publiques d’une relative stabilité. 2014 a confirmé la tendance, avec 9,9 millions d’euros encaissés en dotations. Sauf que le PS, moins accro à la manne publique que la N-VA avec un taux de dépendance de 73,6 %, mise sur d’autres ressources. Et surtout sur le soutien financier des camarades : « Pas moins de 86,5 à 100 % de ses produits privés », relève Jef Smulders. Gros souci : ce coup de pouce n’en finit pas de flancher. 846 000 euros perçus en 2009, 603 000 euros en 2013, 532 873 euros l’an dernier : jamais les cotisations des membres n’ont aussi peu rapporté au PS qu’en 2014. « Cette recette a diminué de moitié depuis 2007. »

Priés eux aussi de passer à la caisse, les mandataires socialistes marquent le pas. Le PS attend en moyenne de leurs rétrocessions entre 15 et 16 % de ses ressources. Or depuis 2012, leurs contributions stagnent sous la barre des deux millions. Et 2014 confirme l’essoufflement de la recette.

Depuis 1999, le pactole du PS oscille entre 15 et 21 millions d’euros, selon les années. 2014 a tiré ce trésor de guerre vers le bas : il est passé de 18,9 à 15 millions d’euros.

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec notamment : ce que les deux partis font de leur argent.

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