Bart De Wever © BELGA

« La N-VA a du souci à se faire »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Pour le politologue Carl Devos, le parti de Bart De Wever a des soucis à se faire. Les dissensions entre la N-VA et les partis traditionnels pourraient même précipiter la fin du gouvernement Michel et isoler les nationalistes flamands.

« Lors de l’entrée en fonctions du gouvernement Michel I », écrit Devos dans une opinion parue dans le quotidien De Morgen, « on murmurait à haute voix que la coalition ambitionnait deux législatures. Il faudrait une décennie de gouvernement de redressement sans socialistes pour réformer la Belgique et lui rendre un avenir. Pour cela, trois partis (NDLR : le MR, l’Open VLD et le CD&V) ont pris un gros risque ».

Malheureusement, constate Devos, la volonté collective de saisir une chance historique a dû plier face aux conflits internes et l’aversion mutuelle exacerbés par la politique identitaire, devenue inopinément prioritaire. Le gouvernement est passé du statut de coalition de rêve à celui de cabinet de la discorde.

Le dernier affrontement en date concerne les propos de Theo Francken (N-VA). Ce dernier a appelé à contourner l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’Homme empêchant des actes inhumains et dégradants, et plaidé en faveur de push-backs au grand dam du CD&V et de l’Open VLD qui se sont clairement distanciés de ces propos.

L’humiliation du MR

Pour Carl Devos, les relations entre N-VA et CD&V sont particulièrement tendues d’autant que les deux partis ont un passé commun. Et si avec l’Open VLD les frictions restent maîtrisées, le MR se sent de plus en plus humilié par l’attitude de la N-VA, et notamment de Theo Francken qui se paie la tête du Premier ministre Charles Michel. « Toute promesse de faire preuve de plus de collégialité est souvent suivie par une provocation. »

Aussi le politologue estime-t-il que la N-VA a du souci à se faire d’autant que la N-VA baisse fortement dans un sondage VTM et Het Laatste Nieuws, même s’il faudra d’autres sondages pour vérifier cette tendance. Et si ses partenaires de coalition restent stables, ils baissent tous par rapport aux élections de mai 2014. En revanche, tous les partis d’opposition, hormis le sp.a, remontent.

À en croire le sondage, si les élections avaient lieu aujourd’hui, un gouvernement Michel II n’aurait plus de majorité. Et ce serait là particulièrement ennuyeux pour la N-VA qui dispose de très peu d’alternatives, et probablement même d’aucune. Cependant, comme un gouvernement sans la N-VA sera également très difficile à former, le spectre de la formation du gouvernement de 2010 se profile doucement. Pour le politologue, rares sont les gouvernements à avoir perdu autant d’opportunités et de temps à cause de guerres intestines.

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