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La maison de Geneviève Lhermitte vendue : et alors ?

La maison de Nivelles, où Geneviève Lhermitte a tué ses cinq enfants en 2007, a trouvé acquéreur. Et alors ?

Certes, en dépit d’une toujours possible surenchère, Madame C et Monsieur G ont réalisé une excellente affaire immobilière (195 000 euros, pour une maison estimée à 300 000, voilà qui est intéressant). Mais, plutôt que de s’offusquer de la juteuse transaction, et de s’indigner que des gens (a priori) bien intentionnés puissent jamais occuper de tels murs, retenons les mots simples, pudiques, sereins et raisonnables prononcés hier par l’acquéreuse, juste après la vente. « Nous voulons redonner un sens à cette maison. Avec le temps, on se dit qu’elle ne peut pas éternellement rester comme ça. C’est notre façon aussi de penser aux enfants que mon mari a vu jouer dans ce jardin. Du ciel, ils seront peut-être heureux de le voir à nouveau fleuri. » Emus, ces acheteurs de Genappe (qui furent voisins du fatal trio Lhermitte-Moqadem-Schaar) n’auraient rien pu dire de plus approprié. Car même s’il ne compte pas s’y installer (mais transformer l’immeuble en appartements, moyennant autorisations communales), le couple a indirectement rappelé cette vérité qui devrait jaillir aux yeux sottement humides des petites âmes sensibles que nous restons souvent : des pierres, oui, ne sont que des pierres. Et s’il fallait condamner chaque demeure au nom de ce qu’elle a connu de laid en son sein, où diable vivrions-nous, tous? A moins d’avoir grandi là, ceux qui habitent un logement qui a entre cinquante ou cent ans d’âge (mettons) seraient d’ailleurs bien en peine de jurer que rien de tragique ne s’y est jamais déroulé. Combien de violence domestique tue ? Combien de chambres d’enfants où paroles cruelles ou claques injustes se sont perdues ? Combien de caves à double serrure ? De cuisines à scènes conjugales ? Tous nos murs ont des oreilles et des yeux. Que veuillent s’en souvenir les milliers de Belges qui, dans des sondages improvisés, hier, sur le Net, soutenaient (à 75 % !) ne jamais pouvoir occuper une maison « hantée »…

V.C.

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