Les chars anglais sont pris d'assaut par une véritable marée humaine. Les Bruxellois réservent un accueil des plus chaleureux à leurs libérateurs. © COLLECTION CEGES - BRUXELLES - 29146

La Libération de Bruxelles comme vous ne l’avez jamais vue

Soraya Ghali
Soraya Ghali Journaliste au Vif

Il y a septante ans, le 3 septembre 1944, la capitale est libérée ! Bruxelles 44 rassemble 58 minutes de séquences rares et inconnues du public, nourries par des témoignages inédits. Un film festif et joyeux, signé Tristan Bourlard. Emotion garantie.

Un 3 septembre 1944 triste comme un jour d’enterrement. A Bruxelles, il fait beau pourtant, mais la rue est vide, sauf d’Allemands qui depuis quelques jours fuient les lieux. En début d’après-midi, un cri : une épaisse fumée noire envahit le ciel. Le palais de justice est en flammes. L’occupant vient d’y bouter le feu afin de détruire des appareils de repérage. Et puis, stupéfaction : les premiers chars anglais arrivent à Bruxelles par la chaussée de Mons et la porte de Ninove ! Pris d’assaut par une véritable marée humaine, ils éprouvent des difficultés à progresser. A 19 heures, un vacarme inhabituel retentit du côté de la Bourse. Un premier char atteint le coeur de la capitale. A la nuit tombée, une trentaine de blindés tiennent les points stratégiques. A l’aube du 4 septembre, Bruxelles est entièrement libérée ! Plus de couvre-feu, les bals reprennent, spontanés, avec les Alliés encensés, embrassés, pressés de toutes parts.

Auteur du Quatrième pouvoir et de La Clef écossaise, Tristan Bourlard vient d’achever Bruxelles 44, produit par la RTBF et diffusé sur La Une ce 5 septembre. Et une fois encore, le réalisateur déniché un trésor : 15 minutes de pellicule tournées entre le 2 et le 9 septembre 1944 par un caméraman de Belgavox. Il est ensuite parti fouiller les fonds du gouvernement belge en exil à Londres (et conservés à la Cinémathèque de la Communauté française), les vidéos amateurs de simples anonymes, les tiroirs de l’Imperial War Museum (Grande-Bretagne) et de l’Institut national de l’audiovisuel (France). Résultat : des centaines d’heures de rushes. Parmi les images, celles de Jean de Selys Longchamps, en 1942, que l’on découvre filmé pour la première fois. Quelques mois plus tard, en janvier 1943, transgressant les réticences de ses chefs, l’officier allait mitrailler, au cours d’une attaque-surprise, l’immeuble de douze étages que la Gestapo occupe au 453, avenue Louise. Depuis plus de septante ans, cette scène dormait dans les archives du gouvernement belge de Londres. La voilà exhumée, comme beaucoup d’autres.

A l’arrivée, 58 minutes de séquences rares et inconnues du public, nourries de témoignages inédits comme celui d’Antoinette Spaak ou ceux de vétérans de la brigade Piron (pour la première fois sur des images d’archive), pour raconter toute l’ivresse qui saisit la capitale durant ces jours fous de septembre. « J’ai voulu un film festif, joyeux. Dans aucun autre pays, dans aucune autre ville, les Alliés n’ont vécu de telles scènes : ils sont accueillis dans une euphorie indescriptible. Pour eux, ce fut très fort, explique Tristan Bourlard. J’ai aussi choisi de faire le pari de l’émotion, de réaliser un film qui parle d’amour et de la joie de retrouver un être aimé vivant, après des mois, des années de séparation… Se libérer, c’est détruire des liens d’esclavage, mais le seul lien indissoluble est l’amour. »

Dans Le Vif/L’Express de cette semaine, l’interview d’Antoinette Spaak : « Je me demande encore comment nous en sommes sorties vivantes »

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