Marie Gathon

La journée de la femme : l’occasion de renforcer les clichés ?

Marie Gathon Journaliste Levif.be

On peut difficilement passer à côté : ce vendredi, c’est la journée de la femme, ou plutôt la journée internationale des droits des femmes. Une journée instaurée à l’origine par les suffragettes qui se battaient pour le droit de vote. Depuis, le 8 mars s’est transformé en une journée pétrie de bonnes intentions. Une journée qui, sans en avoir l’air, renforce également ce sempiternel cliché bien ancré dans nos sociétés qui veut que le sexe, dit, faible attende toujours d’être sauvé.

Pas besoin de chercher loin pour en avoir la preuve. Il suffit d’ouvrir un journal ou de surfer quelques minutes sur les réseaux sociaux pour se rendre compte que beaucoup ont oublié la véritable signification de cette journée. Elle se retrouve transformée en une « pseudo fête » des femmes avec de faux airs de Saint-Valentin. Les parfumeries font des réductions spéciales, les unes se souhaitent bonne fête, les autres se disent « bonne journée », les réseaux sociaux foisonnent de clichés en tout genre, le PS distribue des roses, Thalys fait une promo spectaculaire… C’est même l’occasion idéale pour certains de ressortir quelques blagues sexistes et misogynes.

Pour rappel, la journée internationale des droits des femmes n’est pas un produit marketing, mais une journée, nécessaire, pour dénoncer le fait que l’égalité entre les hommes et les femmes est encore loin d’être acquise. Pour ne citer que quelques chiffres, l’écart salarial entre les sexes est toujours de 22 % en Belgique, 80 % des temps partiels sont exercés par des femmes et les personnes bénéficiant d’un revenu d’intégration sociale sont des femmes dans 57 % des cas. Sans oublier les innombrables violences physiques et psychiques faites aux femmes chaque jour à travers le monde. Autrement dit, les féministes ont encore du pain sur la planche.

Alors, pour rendre à cette journée ses lettres de noblesse, ne faisons pas de cette date une fête du sexe féminin. N’enfermons pas les femmes dans leur condition de sexe faible et au lieu de les mettre au centre de cette journée, sortons-les de ce carcan identitaire et commençons à la considérer pour ce qu’elles sont : des êtres humains qui ont des droits et des devoirs, des désirs, des rêves et un avenir.

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