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La formation des instituteurs en cinq ans?

Jean-Claude Marcourt, le ministre de l »Enseignement supérieur en Communauté française, souhaite faire passer les études d’instituteur de trois à cinq ans, ce qui permettrait de revaloriser la profession tout en renforçant la qualité de l’enseignement en primaires.

La formation des instituteurs passera prochainement de 3 à 5 ans, déclare le ministre de l’Enseignement supérieur en Communauté française, Jean-Claude Marcourt (PS), dans une interview publiée lundi dans La Libre Belgique. « Je lance le chantier. Il est temps », précise-t-il.

Pour ce faire, un groupe de réflexion associant tous les acteurs de l’enseignement sera constitué dans les prochains jours. Selon le ministre, deux éléments posent question: le non-renouvellement, pendant un an ou deux, des maîtres qui quittent l’enseignement et le coût de l’allongement des études pour la Communauté française qui les finance. « On devra aussi se demander si, dans ce cas, les études pour devenir enseignant doivent devenir universitaires ou si elles peuvent rester dans le giron des Hautes écoles », ajoute-t-il.

Par ailleurs, le rallongement des études aura aussi un impact sur les salaires des enseignants. Ces deux années supplémentaires seraient mises à profit pour renforcer la connaissance des disciplines enseignées, la capacité à détecter les difficultés scolaires des élèves, la maîtrise de la langue de l’enseignement, la capacité à gérer l’hétérogénéité des classes, etc. « Il faudra aussi voir si la période stages ne doit pas être renforcée », dit encore M. Marcourt.

Idée bien accueillie mais avec de points d’interrogation

Cette annonce est accueillie favorablement tant par l’opposition que par les partenaires de la majorité au gouvernement de la Communauté française, même si elle suscite bon nombre de questions, quant aux modalités de mise en application de la mesure.

Ainsi, le MR se réjouit qu’enfin, le ministre remette au devant de la scène le débat sur la formation des enseignants en Communauté française.

La chef du groupe réformateur de la Communauté, Françoise Bertieaux, dit cependant déplorer que ce débat s’organise « à la Marcourt » qui, une fois de plus, va créer un « groupe de réflexion », pour gagner une année supplémentaire. Pourquoi le ministre n’a-t-il pas intégré cette question aux réflexions de la table ronde de l’enseignement supérieur, qui a déjà eu lieu? demande-t-elle.

Pour le MR, cet allongement ne doit pas se faire n’importe comment: avant de créer deux années supplémentaires, il faut d’abord évaluer et renforcer le cycle existant en termes d’apprentissages de base, de la connaissance et de la structure du français, de l’approche pratique des stages, etc.

Les réformateurs souhaitent également la création d’un service d’appui pédagogique pour tous les enseignants qui n’auront pas bénéficié de cette nouvelle formation et l’instauration d’un tutorat en faveur des jeunes enseignants, assuré par des enseignants plus expérimentés.

A propos de la volonté de M. Marcourt de mettre en place un test d’évaluation à la fin du secondaire, le MR rappelle qu’il a déposé une proposition de décret visant à instaurer un test d’aptitude communautaire.

Chez Ecolo, on se félicite également de voir M. Marcourt mettre en route une réforme inscrite dans la déclaration de politique communautaire. Toutefois, selon le député wallon Yves Reinkin, il va falloir se montrer créatif, notamment pour éviter que le passage des études de 3 à 5 ans débouche sur un manque d’instituteurs diplômés pendant cette période.

Le financement de la mesure devra aussi être résolu puisque les instituteurs devraient dès lors revendiquer d’être mis sur le même plan salarial que les diplômés universitaires. Et pour permettre à un maximum de jeunes de pouvoir se payer des études plus longues, M. Reinkin évoque le système en vigueur chez les médecins et avocats en imaginant des va-et-vient entre travail sur le terrain et études pendant les deux dernières années d’études.

La CGSP participera aux échanges de réflexions

La CGSP, syndicat socialiste des services publics, s’est réjouie de la volonté du ministre de l’Enseignement supérieur Jean-Claude Marcourt d’entamer rapidement une réflexion sur une réforme de la formation initiale des enseignants.

La CGSP-Enseignement rappelle avoir fait de cette idée une de ses revendications prioritaires. Selon le syndicat socialiste, la « complexité croissante du métier » appelle une revalorisation de celui-ci. Trois années ne suffisent plus pour former l’enseignant de manière adéquate.

La CGSP annonce qu’elle participera aux échanges de réflexion proposés par le ministre. Elle entend y faire entendre ses revendications pour une « école plus égalitaire et démocratique ». Elle veillera également à l’instauration d’un « régime transitoire » pour les personnels en fonction et aux modalités d’organisation du master entre Hautes Ecoles et Universités.

LeVif.be, avec Belga

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