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La Flandre  » qui gagne  » patauge aussi

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

Artifices budgétaires, administration pléthorique,  » réglementite  » aiguë, bureaucratie tatillonne, nominations politisées : en matière de bonne gouvernance, la Flandre rentre dans le rang.

L’acte de décès est paru sans publicité tapageuse. L’enterrement s’est déroulé sans fleurs ni couronnes. RIP ViA : la Flandre renonce à s’autoproclamer officiellement « Vlaanderen in Actie ». Elle sait se faire discrète quand il s’agit de ravaler sa fierté.

Rideau sur une belle aventure lancée en 2006 par un certain Yves Leterme (CD&V), alors ministre-président flamand mais aussi chantre de la « goed bestuur. » Viva ViA ! Longue vie à « Vlaanderen in Actie », le plan de bataille d’une Flandre conquérante. Qui promettait de la hisser dans le top 5 des régions les plus performantes d’Europe d’ici 2020. D’en faire un champion de l’efficience dans la gestion publique, un « crack » de l’économie de la connaissance. Et de mettre dans la tête de six millions et demi de Flamands que « ce que nous faisons nous-mêmes, nous le faisons mieux. »

Mais la coalition N-VA-CD&V-Open VLD sortie des urnes de mai 2014 a liquidé ViA. Motif : 337 projets programmés à l’époque et moins de 40 réalisations bouclées au bout de huit ans. Les langues se délient pour enfoncer le clou dans le cercueil : « ViA était un projet de prestige, sans consistance, sans cohérence, sans animateur. Une pure opération de marketing. » La palme de l’oraison funèbre à Luc De Bruyckere, l’ex-patron des patrons flamands : « ViA était un magasin où tout était à acheter, mais où finalement personne n’était comblé. » Un bric-à-brac à ne pas confondre avec un plan Marshall à la flamande : « le plan Marshall wallon dégage une image positive, porte l’idée d’un redéploiement économique associé à des projets concrets », relève le politologue Dave Sinardet (VUB.)

L’actuel gouvernement flamand assure ne jeter que l’emballage. Promet de garder le cap. En moins bling-bling. Priorité à une approche plus transversale pour relancer la success story flamande, en repoussant à 2040-2050 l’horizon des ambitions. Sage report, pour une région qui pointait encore à la 27e place au dernier classement des performances des 134 régions d’Europe. Et pour ce bon père de famille pris en défaut de rigueur : la Flandre des équilibres et des surplus budgétaires, de l’endettement nul jusque 2008, se découvre un déficit estimé en 2014 à 560 millions. Elle écope d’une dette directe, passée sans coup férir en 2013 de 3,995 milliards à 16,6 milliards d’euros. Avec une tendance durable à la hausse.

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

  • la fin du modèle flamand
  • la boulimie administrative
  • les nominations politisées
  • les communes exsangues

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