© F.Pauwels

La Flandre choisit la vie d’aventure

Il se pourrait bien que les sondages se soient encore une fois trompés. Ils avaient à juste titre pressenti une tendance lourde en Flandre. Ils n’avaient pu anticiper sur le fait qu’elle serait à ce point écrasante. La Belgique se retrouve, au soir du 13 juin, avec un parti nationaliste flamand qui devrait dépasser les 25% de voix en Flandre, voire atteindre les 30%.

La perspective de voir la N-VA passer de 8 à… 30 députés à la Chambre se profile. Du jamais vu. La Flandre est devenue coutumière de scrutins aux résultats époustouflants. Aux élections de novembre 1991, elle sortait des urnes avec un Vlaams Belang porté aux nues. Cette fois, c’est un autre visage du nationalisme flamand, démocratique celui-là mais tout aussi séparatiste, qui s’impose avec fracas à la face du pays tout entier.

Le triomphe de la N-VA est sans appel, incontestable. Nul ne s’avise d’ailleurs de le contester. Certainement pas le CD&V qui, par la voix de sa présidente Marianne Thyssen, a reconnu la défaite de son parti qui interrompt une série de quatre victoires électorales (2004, 2006, 2007, 2009), omettant cependant de souligner que trois de ces succès ont été acquis en cartel avec la N-VA. Ce qui risque de faire débat à l’heure où les chrétiens-démocrates flamands vont analyser leur contre-performance

La N-VA plus que jamais incontournable, Bart De Wever l’homme fort du moment. Les partis francophones, même dans leurs pires cauchemars, n’auraient imaginé un tel scénario. Tétanisés, ils se préparent à assumer cette tornade électorale qui s’est abattue sur la Flandre. Une Flandre qui a largement choisi la voie de l’audace, voire de l’aventure. « Cette victoire d’un parti nationaliste en Flandre est problématique pour les électeurs francophones », a souligné le président du MR, Didier Reynders, à l’heure lui aussi, de reconnaître « le vrai recul » de son parti. Et d’annoncer logiquement que les libéraux francophones resteront dans l’immédiat au balcon.

Côté francophone, un seul parti et son autre homme fort, est en mesure de se dresser face à la N-VA et à Bart De Wever. Le PS d’Elio Di Rupo, autre grand vainqueur de ce scrutin. La seule formation de la coalition gouvernementale à sortir largement indemne des urnes, à ne pas être sanctionnée par l’électeur pour le bilan du gouvernement fédéral.

L’heure de gloire, mais aussi le moment de vérité pour Bart De Wever. La N-VA va devoir assumer un tel exploit. Comment tendre la main aux francophones, comme il vient de l’annoncer à l’heure de sa victoire, sans décevoir les attentes des électeurs qui l’ont plébiscité ? Le pire est peut-être à venir pour les nationalistes flamands. Mai aussi pour le pays en demande d’un gouvernement qui soit porté par une majorité flamande. Qui, au nord du pays, pour un pas de deux avec De Wever ?

Pierre Havaux

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