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La fin des bus gratuits à Mons ?

Georges-Louis Bouchez, étoile montante du MR et chef de file des libéraux à Mons, affrontera Elio Di Rupo aux prochaines élections communales. Il propose de réévaluer le service des bus gratuits, l’une des spécificités de la Cité du Doudou. Interview.

En Belgique, seules deux villes proposent un service de bus gratuits : Hasselt et Mons. N’est-ce pas un luxe, au moment où la rigueur budgétaire s’impose à tous ? Georges-Louis Bouchez On ne peut pas répondre sans connaître le profil des usagers. Si les bus gratuits sont utilisés par les personnes âgées, par des personnes en difficulté sociale, l’expérience mérite d’être poursuivie. S’ils poussent des automobilistes à abandonner leur voiture, et qu’ils contribuent ainsi à désengorger le centre-ville, c’est un coût qui vaut la peine. Mais j’ai déjà entendu des gens me dire que les bus sont pris d’assaut par les étudiants, et que, du coup, les personnes âgées n’ont plus de place. Si c’est le cas, on a un problème.

Comment y remédier ?
On pourrait envisager que la gratuité ne soit assurée qu’à certaines conditions. Avoir un certain âge, par exemple, ou attester qu’on a bien laissé sa voiture dans un parking de dissuasion. C’est juste une proposition.

Mas vous n’excluez pas qu’à l’avenir, la gratuité ne soit réservée qu’à certaines catégories d’usagers ?
A priori, je ne suis pas pour un retour en arrière… Je veux juste m’assurer que les bus répondent bien aux objectifs fixés : désengorger le centre-ville et véhiculer des personnes qui éprouvent des difficultés à se déplacer. Le citoyen doit bien comprendre que la gratuité, ça n’existe pas. Quand on parle de bus gratuits, ça veut juste dire qu’il y a peut-être 5 % des habitants qui les utilisent, mais que 100 % les payent. Tous les Montois payent. Soit via leurs impôts. Soit à travers des interventions sociales moins élevées. Parce que, les finances de la ville, elles sont limitées : ce qu’on donne pour un projet, on ne le donne pas ailleurs. Alors, ma réflexion est la suivante : l’argent public doit-il servir à transporter des personnes qui auraient pu marcher cinq minutes, ou qui avaient les moyens de payer un ticket à 1,70 euros ? Si demain on trouve du pétrole en Belgique, je n’ai aucun problème à ce qu’on porte le salaire minimal à 2000 euros et que chacun dispose de six mois de vacances. L’homme n’est pas né pour souffrir. On doit tendre au bonheur pour tous. Mais en attendant, on doit faire des choix, et utiliser les deniers publics de la manière la plus efficace, pour aller vers un mieux-être de la population.

La nouvelle gare de Mons coûtera 150 millions d’euros, alors que le bâtiment actuel est parfaitement fonctionnel. Votre avis ? La réponse politique facile, ce serait de dire : il s’agit d’un budget SNCB. Si on me le propose pour ma ville, je serais fou de refuser.

L’argument ne convainc pas tous les Montois. « La gare ? Il y en a déjà une, c’est du gaspillage », a déclaré Jean-Pierre Viseur, conseiller communal Ecolo. La députée wallonne Savine Moucheron (CDH) estime elle aussi que la dépense constitue un non-sens au moment où la SNCB supprime de nombreux trains.
Il faut entendre ces critiques. Je prends moi-même le train presque tous les jours. Je me mets à la place du navetteur montois, qui a connu une catastrophe il y a quelques mois à peine sur la ligne Mons-Bruxelles. Ce qu’il veut avant tout, c’est voyager en sécurité, arriver à l’heure, à bord de trains confortables. Mais la nouvelle gare sera bien plus qu’une simple gare ! Il s’agira d’une plateforme qui fera le lien entre le centre commercial des Grands Prés et le centre-ville. On pourra aller à pied de l’un à l’autre, ce qui favorisera le commerce. Ce sera aussi une gare d’autobus. Au-delà du bâtiment, c’est un projet de mobilité et de développement économique.

Le coût du projet vous paraît-il raisonnable, en temps de crise ? Une décision politique est toujours prise dans un certain contexte. Ensuite, un délai s’écoule avant son exécution. Si le projet devait être élaboré maintenant, il aurait sans doute été conçu autrement. Cela aurait pu coûter moins cher. Mais à un moment, des choix sont opérés. Calatrava est un architecte mondialement connu. En vue de Mons 2015, cela représente un attrait supplémentaire. Si on n’avait pas été capitale de la culture, il n’y avait peut-être d’intérêt de prendre un tel architecte. Là, ça valait le coup. En choisissant Calatrava, on a clairement fait un choix d’ambition pour Mons.

ENTRETIEN : FRANÇOIS BRABANT

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